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L'opération a été menée sur William Beaver, un révérend âgé de 70 ans. Une membrane épirétinienne idiopathique de quelques micromètres d'épaisseur s'était développée sur sa rétine, troublant le centre de sa vision et nécessitant une prise en charge. Ce problème arrive fréquemment avec l'âge.Cette membrane devait donc être retirée avec précision sans endommager la rétine. Aucun chirurgien ne souhaitait se lancer seul dans l'aventure. Un robot ultra-précis a donc été appelé à la rescousse, en l'occurrence il s'agissait du Robotic Retinal Dissection Device (R2D2). Mis au point par une société néerlandaise de robotique médicale, il permet d'opérer à l'intérieur de l'oeil et de réaliser ce que des mains humaines n'auraient jamais pu faire, en raison des tremblements indésirables : passer par un trou de moins d'un millimètre de diamètre, percé dans la paroi intérieure de l'oeil, et effectuer plusieurs allers-retours pour disséquer la membrane indésirable.Bien sûr le robot n'agit pas seul. Il est contrôlé par un chirurgien qui utilise un joystick et un écran tactile lui permettant de surveiller les progrès du dispositif à l'intérieur de l'oeil du patient à travers le microscope opératoire, le tout avec une précision sans pareil.Au total, il aura fallu 18 mois pour mettre en place la procédure de ce premier essai clinique, réalisé avec succès. Quelques jours après être sorti du bloc opératoire, le patient s'est en effet réjoui d'avoir retrouvé une vue normale.Cette opération est la première phase d'un large essai clinique de chirurgie oculaire robotique qui concerne douze patients. La deuxième étape consistera à programmer le robot pour qu'il place une aiguille fine sous la rétine afin d'injecter un fluide. "En cas de réussite de cette deuxième phase, le robot permettrait de développer un nouveau traitement de la rétinite pigmentaire, une maladie génétique due à la mutation de gènes impliqués dans le fonctionnement des photorécepteurs et qui constitue une des causes les plus fréquentes de cécité chez les jeunes," a expliqué au Guardian le Pr Robert MacLaren. Actuellement à l'essai dans un certain nombre de centres à travers le monde, ce traitement, une thérapie génique, consiste à insérer des cellules souches sous la rétine. Autre handicap visuel dans la ligne de mire du robot : la dégénérescence maculaire liée à l'âge, qui affecte les plus de 50 ans."Je n'ai pas le moindre doute que nous ayons devant nous la chirurgie oculaire du futur", s'est enthousiasmé le Pr MacLaren. Selon l'ophtalmologue, "la technologie actuelle, avec les lasers, les scanners et les microscopes permet de surveiller les maladies rétiniennes à l'échelle microscopique, mais les choses que nous voyons avec ce robot sont au-delà des limites physiologiques de ce que la main humaine peut réaliser."(référence : The Guardian, 10 septembre 2016)