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On a tendance à minimiser, voire oublier, les effets somatiques de l'angoisse, du stress, de l'émotion sur le coeur. Il peut pourtant s'emballer lors d'un match de foot ou encore vibrer aux rythmes d'un concert. On peut dès lors imaginer la tension causée par des événements tels qu'une scène de guerre au beau milieu d'une capitale européenne." Cela a été le cas " lors des attentats de Paris en janvier 2015, affirme ce vendredi la Clinique Pasteur. " Le stress émotionnel provoqué par ces trois jours d'horreur, surmédiatisés minute par minute dans toute la France, a été un facteur de risque cardiovasculaire même à des centaines de kilomètres ".Des cardiologues de l'établissement toulousain, sous l'impulsion du Pr Pathak, ont pour la première fois étudié l'impact induit sur les maladies cardiaques. Ils ont analysé les données d'activité du Centre de la Douleur Thoracique durant le premier mois de l'année dans l'hypothèse d'un taux accru d'admissions pour des problèmes cardiovasculaires liés.346 patients ont été admis audit centre dont près de la moitié ont été hospitalisés. Ces chiffres sont élevés et beaucoup plus lorsque l'on compare les trois jours des attentats à la même période de 2014. Ainsi ramené à la journée, ce taux frôle les 75% de patients hospitalisés en plus.Les causes cardiovasculaires ont été principalement des infarctus du myocarde, des arythmies cardiaques symptomatiques et de l'insuffisance cardiaque. " Ces 3 jours d'attaques terroristes révèlent une augmentation significative de ces pathologies par rapport à l'ensemble du mois de janvier. Par exemple : + 180% d'infarctus du myocarde, + 86,7% d'insuffisance cardiaque ", rapportent les spécialistes.Cette étude pilote soulève à juste titre la question de la morbidité d'une expérience extrêmement stressante comme une attaque terroriste. Mais les données chiffrées laissent aussi penser que " l'énorme couverture médiatique peut être la cause de l'apparition de douleurs de poitrine entraînant une hospitalisation pour des événements cardiovasculaires ".Malgré le nombre significatif de patients évalués, les conclusions de cette étude demandent évidemment confirmation à plus grande échelle. Elles n'éclairent pas moins l'importance du stress émotionnel comme facteur d'incident cardiaque.