En Belgique, on estime qu'une personne sur 10 sera confrontée au cours de sa vie à des difficultés dues à l'alcool - première cause de mortalité évitable avec le tabac. Mais selon les données du KCE, seule une personne sur douze demandera de l'aide à un professionnel... en moyenne après 18 ans d'attente. "Nous avons souvent constaté que les personnes arrivent à nous tardivement et qu'il n'existe en réalité pas d'aide ni de ressources pour celles qui sont encore dans des difficultés " peu graves ". Tout se passe donc dans un grand secret et souvent sans interlocuteur ", explique le Dr Catherine Hanak, chef de clinique Psychiatrie-Addictologie au CHU Brugmann. Avec son équipe, elle a donc récemment mis en place un programme de deux journées - à une semaine d'intervalle - à destination de toutes les personnes qui se posent des questions sur leur rapport à l'alcool. Ce programme vient compléter l'offre de services de l'institution, connue pour son expertise de longue date dans le domaine de l'alcoologie : unité de 29 lits dédiée au sevrage éthylique, unité de crise avec possibilité de mise à l'abri, consultations spécialisées, hôpital de jour. " Il ne s'agit pas d'un projet thérapeutique, mais psycho-éducatif et préventif. La majorité des personnes qui viennent n'ont d'ailleurs pas envie d'arrêter de boire mais souhaitent revenir à une consommation prudente et plus qualitative, moins automatisée ", explique le Dr Catherine Hanak.

Zone de sécurité

La première mission de ce programme est donc d'informer et de répondre aux questions récurrentes autour de cette substance si banalisée et pourtant largement méconnue : à partir de quand parle-t-on de dépendance à l'alcool ? Qu'est-ce qu'une consommation à risque ? Qu'estce que l'alcool fait au corps mais aussi à l'esprit ? Quels sont ses liens avec la dépression et l'anxiété ? Les quantités hebdomadaires recommandées par l'OMS sont rappelées, tout comme les récentes données scientifiques sur le caractère cancérigène de l'éthanol. Des mécanismes comme le fonctionnement du circuit de la récompense et du plaisir sont également explicités. " L'alcool détourne ces circuits mais notre message est aussi de dire qu'il est possible de les réorienter en privilégiant d'autres sources de plaisir ", explique le Dr Catherine Hanak. Réduire les quantités, ne pas boire tous les jours, ne pas laisser s'installer les habitudes impérieuses - boire invariablement lorsqu'on cuisine, lorsqu'on est avec telle personne ou dans tel endroit -, éviter d'utiliser les boissons alcoolisées comme médicament psychologique, etc. : lorsque la dépendance physique n'est pas installée, des mesures simples permettent de revenir dans une zone plus sécurisée. Et plus elles sont adoptées précocement, plus ces mesures seront efficaces. " C'est tout l'intérêt de ce programme. Car aujourd'hui, il est impossible de prédire qui risque de perdre un jour le contrôle de sa consommation, que l'on vienne d'une consommation intermittente - qu'on appelle aujourd'hui " binge drinking " - ou d'une consommation qui augmente insensiblement au fil du temps. Notamment parce que l'exposition au stress, à la souffrance ou au malheur, qui est souvent un moment de basculement, se situe hors de notre contrôle ", résume le Dr Catherine Hanak. Pour autant, la psychiatre et son équipe se défendent d'être de tristes sires, gardiens impénitents de la sobriété. " Nous ne sommes certainement pas dans le jugement et la moralisation. Et nous ne sommes pas non plus en train de dire qu'il ne faut pas boire un verre : les mesures que nous préconisons permettent précisément de continuer à profiter de la joie des boissons alcoolisées ", explique la psychiatre.

Un bilan multidisciplinaire

En parallèle de ces réunions d'information en groupe - mais sans obligation d'une quelconque prise de parole -, le programme comporte un bilan physique avec fibroscan - qui permet de déceler d'éventuelles lésions hépatiques asymptomatiques -, prise de sang et échographie. Un bilan psychologique individuel est également prévu. " Il permet de mettre en avant les points forts et faibles de la personne et d'identifier les aspects qui président à sa consommation : aspects sociaux, anxiété, stress... ", commente le Dr Catherine Hanak. Dans cette perspective multidisciplinaire, une consultation avec une diététicienne et l'initiation à des techniques de relaxation sont également proposées." Ce qui prendrait des heures de consultations et d'attente est ici réuni en deux journées sur un même site, avec des informations qui peuvent être transmises synthétiquement au médecin généraliste par exemple. " Là où le programme permet de rasséréner certaines personnes - et de les motiver ainsi à conserver leur bonne santé -, il démontre à d'autres que le problème est plus sérieux qu'elles ne le pensaient. "Nous ferons alors des recommandations plus personnelles, avec des propositions d'aide et de suivi ", conclut le Dr Catherine Hanak.

Informations :

infos.alcool@chu-brugmann.be

Tel : +32 (0)2 477.38.70 (jeudi) ou +32 (0)2 477.27.26 (lundi, mardi, mercredi et vendredi)

Le coût à charge du patient est de 48,64 euros pour les deux journées et de 3,58 euros en cas d'intervention majorée.

En Belgique, on estime qu'une personne sur 10 sera confrontée au cours de sa vie à des difficultés dues à l'alcool - première cause de mortalité évitable avec le tabac. Mais selon les données du KCE, seule une personne sur douze demandera de l'aide à un professionnel... en moyenne après 18 ans d'attente. "Nous avons souvent constaté que les personnes arrivent à nous tardivement et qu'il n'existe en réalité pas d'aide ni de ressources pour celles qui sont encore dans des difficultés " peu graves ". Tout se passe donc dans un grand secret et souvent sans interlocuteur ", explique le Dr Catherine Hanak, chef de clinique Psychiatrie-Addictologie au CHU Brugmann. Avec son équipe, elle a donc récemment mis en place un programme de deux journées - à une semaine d'intervalle - à destination de toutes les personnes qui se posent des questions sur leur rapport à l'alcool. Ce programme vient compléter l'offre de services de l'institution, connue pour son expertise de longue date dans le domaine de l'alcoologie : unité de 29 lits dédiée au sevrage éthylique, unité de crise avec possibilité de mise à l'abri, consultations spécialisées, hôpital de jour. " Il ne s'agit pas d'un projet thérapeutique, mais psycho-éducatif et préventif. La majorité des personnes qui viennent n'ont d'ailleurs pas envie d'arrêter de boire mais souhaitent revenir à une consommation prudente et plus qualitative, moins automatisée ", explique le Dr Catherine Hanak.La première mission de ce programme est donc d'informer et de répondre aux questions récurrentes autour de cette substance si banalisée et pourtant largement méconnue : à partir de quand parle-t-on de dépendance à l'alcool ? Qu'est-ce qu'une consommation à risque ? Qu'estce que l'alcool fait au corps mais aussi à l'esprit ? Quels sont ses liens avec la dépression et l'anxiété ? Les quantités hebdomadaires recommandées par l'OMS sont rappelées, tout comme les récentes données scientifiques sur le caractère cancérigène de l'éthanol. Des mécanismes comme le fonctionnement du circuit de la récompense et du plaisir sont également explicités. " L'alcool détourne ces circuits mais notre message est aussi de dire qu'il est possible de les réorienter en privilégiant d'autres sources de plaisir ", explique le Dr Catherine Hanak. Réduire les quantités, ne pas boire tous les jours, ne pas laisser s'installer les habitudes impérieuses - boire invariablement lorsqu'on cuisine, lorsqu'on est avec telle personne ou dans tel endroit -, éviter d'utiliser les boissons alcoolisées comme médicament psychologique, etc. : lorsque la dépendance physique n'est pas installée, des mesures simples permettent de revenir dans une zone plus sécurisée. Et plus elles sont adoptées précocement, plus ces mesures seront efficaces. " C'est tout l'intérêt de ce programme. Car aujourd'hui, il est impossible de prédire qui risque de perdre un jour le contrôle de sa consommation, que l'on vienne d'une consommation intermittente - qu'on appelle aujourd'hui " binge drinking " - ou d'une consommation qui augmente insensiblement au fil du temps. Notamment parce que l'exposition au stress, à la souffrance ou au malheur, qui est souvent un moment de basculement, se situe hors de notre contrôle ", résume le Dr Catherine Hanak. Pour autant, la psychiatre et son équipe se défendent d'être de tristes sires, gardiens impénitents de la sobriété. " Nous ne sommes certainement pas dans le jugement et la moralisation. Et nous ne sommes pas non plus en train de dire qu'il ne faut pas boire un verre : les mesures que nous préconisons permettent précisément de continuer à profiter de la joie des boissons alcoolisées ", explique la psychiatre.En parallèle de ces réunions d'information en groupe - mais sans obligation d'une quelconque prise de parole -, le programme comporte un bilan physique avec fibroscan - qui permet de déceler d'éventuelles lésions hépatiques asymptomatiques -, prise de sang et échographie. Un bilan psychologique individuel est également prévu. " Il permet de mettre en avant les points forts et faibles de la personne et d'identifier les aspects qui président à sa consommation : aspects sociaux, anxiété, stress... ", commente le Dr Catherine Hanak. Dans cette perspective multidisciplinaire, une consultation avec une diététicienne et l'initiation à des techniques de relaxation sont également proposées." Ce qui prendrait des heures de consultations et d'attente est ici réuni en deux journées sur un même site, avec des informations qui peuvent être transmises synthétiquement au médecin généraliste par exemple. " Là où le programme permet de rasséréner certaines personnes - et de les motiver ainsi à conserver leur bonne santé -, il démontre à d'autres que le problème est plus sérieux qu'elles ne le pensaient. "Nous ferons alors des recommandations plus personnelles, avec des propositions d'aide et de suivi ", conclut le Dr Catherine Hanak.