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L'expérience dont question a été réalisée par Jasper Reenalda, chercheur en sciences de la motricité à l'université de Twente, aux Pays-Bas. Il a fait faire au journaliste Joost Dijkgraaf un certain nombre de tours sur la piste d'athlétisme de l'université sur un vélo électrique en mode turbo (assistance maximale), sur un vélo électrique en mode tour (assistance normale) et sur un vélo de ville ordinaire. Au cours de chaque expérience ont été mesurés la consommation d'oxygène, le pouls et la dépense calorique. Conclusion? Sur un vélo électrique en mode turbo, les dépenses énergétiques étaient moitié moindres que sur un vélo ordinaire et le pouls ne dépassait pas 88 BPM. "Une fois en mouvement, on n'a plus qu'à effleurer les pédales", conclut Jasper Reenalda dans l'article publié dans le quotidien Algemeen Dagblad. Le vélo électrique est-il donc vraiment inutile pour entretenir la condition physique? Le Pr Luc Int Panis du groupe de travail sciences de la circulation de l'université d'Hasselt juge toutefois ces conclusions un peu prématurées. "Les auteurs ont fait tester deux vélos par une seule personne sur une piste parfaitement plane et parlent de conditions contrôlées. On peut difficilement appeler cela de la recherche scientifique et il est franchement regrettable que les médias se fassent l'écho de ce genre d'information."Le Pr Int Panis a lui-même collaboré à l'étude européenne Pasta 1, qui a suivi plusieurs milliers de cyclistes dans sept villes européennes pendant deux ans. "Les participants étaient interrogés toutes les deux semaines sur leur comportement cycliste... et il ressort de leurs réponses que l'effort physique est fondamentalement le même chez les utilisateurs de vélos ordinaires et électriques. Les propriétaires de vélos électriques les utilisent en effet plus souvent et pour des trajets plus longs et, au bout du compte, ils font donc autant d'exercice que les cyclistes ordinaires. Mais évidemment, ce n'est pas le genre de conclusion qui fera la une des journaux", grommelle notre compatriote. Les vélos électriques présentent encore un autre bénéfice de santé beaucoup plus inattendu, mis au jour il y a peu par une étude 2 de la VUB. Ses auteurs ont investigué l'influence du sexe, du type de vélo (électrique ou conventionnel), de la vitesse et de la différence d'altitude sur la quantité de polluants inspirée (particules de suie, dioxyde d'azote et particules fines)... et il semble que, comme les utilisateurs de vélos électriques fournissent un effort moins lourd, ils absorbent à trajet égal jusqu'à un tiers de polluants en moins. Le Pr Int Panis appelle toutefois à ne pas tirer les mauvaises conclusions de ces résultats. "On sait en effet que les bénéfices de santé du cyclisme - quel que soit le type de vélo - dépassent largement les risques de la pollution. À bien y regarder, c'est d'ailleurs aussi ce que dit l'article néerlandais: même en mode turbo, se déplacer en vélo sera toujours plus sain que de rester assis!"