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En 2018, 4.011 accidents (environ onze par jour) liés au taux d'alcool dans le sang et ayant tué ou blessé des personnes ont eu lieu en Belgique. Depuis le 1er juillet 2018, un nouvelle législation vise à endiguer le problème, grâce à un éthylotest antidémarrage (ou alcolock), obligatoire dans certains cas.Un alcolock est un petit appareil installé à bord du véhicule et qui empêche de prendre la route avant d'avoir souffler. Cet exercice demande une certaine technique qui est apprise au moment de l'installation.Si l'alcolock détecte un taux d'alcool de plus de 0,2%, ce qui correspond à 0,09 mg d'alcool par litre d'air alvéolaire expiré, le véhicule ne démarrera pas. L'appareil enregistre à la fois le taux d'alcool dans l'haleine, le nombre de fois où le conducteur à tenter de souffler ainsi que les moments où il a soufflé.Au démarrage, le conducteur pourrait faire souffler quelqu'un d'autre et ainsi duper l'alcolock. C'est pourquoi celui-ci est ainsi programmé que le conducteur devra souffler plusieurs fois au cours de son trajet (juste après le départ et à des moments aléatoires). Le conducteur a un quart d'heure pour parquer son véhicule et réaliser le test.Le législateur a donc durci le ton pour lutter contre l'alcool au volant. Depuis le 1er juillet 2018, le juge peut, dans certains cas, imposer l'alcolock.En cas de taux de 1,8% et plus, ou lorsque le conducteur a déjà été pris deux fois avec au moins 1,2% endéans les trois ans, l'alcolock est en principe obligatoire. Au premier flagrant déli toutefois, avec un taux élevé d'au moins 1,8%, le juge peut décider de lever l'obligation d'utiliser l'alcolock, mais il doit motiver explicitement sa décision. Dans ce cas, il appliquera les régles en vigueur, avec des amendes oscillant entre 1.600 et 16.000 euros, assorties éventuellement d'un retrait du droit de conduire.Selon les chiffres du Vias, de plus en sont installés. Cinq cents utilisateurs devraient en être équipés d'ici la fin de l'année.Cela a pris du temps avant que les premiers conducteurs condamnés ne l'utilisent vraiment. Normal, puisque ceux-ci ont souvent d'abord un retrait de permis et doivent passer des examens de réintégration avant de pouvoir reprendre la route. Les personnes qui roulent d'ores et déjà avec des alcolocks ne représentent que le sommet de l'iceberg. Vias prévoit que de plus en plus de conducteurs rouleront avec un tel outil dans les années à venir.Près de 80% des conducteurs équipés d'alcolocks sont des hommes. L'âge varie entre 20 et 78 ans, mais le plus grand groupe est âgé de 40 à 55 ans. Cela ne nous surprendra pas, car c'est dans cette tranche d'âge que l'on constate le plus haut taux d'alcoolémie en cas d'accident corporel, à savoir 1,82% en moyenne, ce qui équivaut de 8 à 11 verres d'alcool dans une période de deux heures.La pose de l'alcolock est assortie d'une autre mesure : le conducteur doit suivre un programme d'encadrement, organisé par l'institut Vias et au cours duquel le conducteur apprend à adapter son comportement et à casser ses mauvaises habitudes. Les formateurs expliquent comment utiliser l'alcolock et sensibilisent les participants quant aux dangers et aux conséquences de la conduite en état d'ivresse.Au cours de l'accompagnement, le formateur analysera régulièrement les tentatives d'utilisation de l'alcolock, afin de détecter les moments où le conducteur a voulu prendre le volant en état d'ivresse. Il pourra, le cas échéant, confronter le contrevenant à sa faute.Le coût total (programme d'encadrement, installation et utilisation de l'alcolock) s'élève à environ 3.700 euros pour la première année. Ensuite, les frais diminuent. Le juge peut décider de déduire ceux-ci intégralement ou partiellement de l'amende.Selon un récent rapport de l'institut Vias, l'alcolock fait chuter de 75% le risque de récidive. L'étude montre que le programme d'encadrement est indispensable. Sans lui, les conducteurs risqueraient de retomber rapidement dans leurs mauvaises habitudes.Selon l'institut Vias toujours, de nombreux conducteurs décident d'acheter l'alcolock et de l'utiliser, une fois la période obligatoire terminée. De quoi rassurer encore davantage le conducteur et son entourage quant au risque de récidive.