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L'exposition présentée au musée de Louvain-la-Neuve et concoctée par le professeur Laurent Verslype, directeur du Centre de recherches d'archéologie nationale de l'UCL et spécialiste de l'art mérovingien, démontre comment cette pratique funéraire a perduré, dans le temps comme dans l'espace.Cette petite expo compense sa dimension réduite par une panoplie impressionnante de panneaux, bornes interactives, photographiques et maquettes (du tumulus de Tirlemont notamment), entourant des objets principalement issus de nos régions, qu'ils soient néolithiques ou de l'époque celtique, à savoir le deuxième âge du fer.Elle démontre dans son introduction que l'on trouve ce genre d'édifices funéraires aussi bien en Chine (tumulus impériaux gigantesques), qu'à Barhein, en Colombie ou en Amérique à l'époque chez les Indiens Timucua notamment, qu'à Antoing ou Tirlemont.Universelle dans son introduction, qui s'intéresse également au travers de récits audios aux légendes entourant ses lieux comme à Zaventem (qui signifie sept tombeaux), ou l'un de ses tertres entraînaient des pensées concupiscentes chez qui s'en approchaient, l'expo ensuite une optique plus européenne : montrant dans un film la conservation spectaculaire du tumulus de Glauberg de l'époque celtique, comme la lunistice (solstice de la lune tous les neuf ans) qui semble régir notamment celui de Magdalenberg, dans lequel la disposition des tombes mineures autour du tombeau central correspond aux constellations visibles en cet endroit du globe.Elle évoque aussi bien sûr le fameux tertre de Newgrange en Irlande, au coeur duquel le soleil pénètre une seule fois par an : au solstice d'été.Mais l'ancrage voulu de cette exposition de belle vulgarisation scientifique qui présente fibules, armes et poteries, est régional, voire local, avec l'évocation des tumulus de Court-Saint-Etienne ou Incourt tout proches. D'ailleurs, le blason de la première commune présente en son milieu, la fameuse colline artificielle.Si la fonction est funéraire, elle est aussi une manière à toutes les époques (néolithique, celtique, romaine ou mérovingienne.... elles y sont toutes) de marquer son territoire et un symbole de puissance. Son commanditaire s'en sert comme véhicule vers l'au-delà, céleste, tout en souhaitant se rappeler au souvenir des survivants par l'entremise de ce spectaculaire témoignage terrien : la pyramide du Louvre voulue par Mitterrand serait-elle autre chose ? Quid du lion de Waterloo ? Ou des terrils ? Des éléments que le professeur aurait volontiers intégré dans cette petite exposition.Car ce témoignage à la fois temporel et spirituel (le tumulus romain, à Hottomont, et étrusque, en Italie, est évoqué) qui vise à l'éternité voulue par le défunt (lequel s'enterre avec son cheval comme l'empereur chinois ou Childéric à Tournai dont le squelette de la monture constitue la pièce la plus spectaculaire de l'expo) se voient récupérer, par l'église notamment : à Saint-Georges-sur-Meuse, une chapelle orne le tertre (le village de Tertre s'appelle ainsi car il en possède un) de Yernawe, comme à Carnac la chapelle Saint-Michel. À Momalle, c'est un défunt de 1837 qui voit sa tombe orner le tumulus local, tumulus sur lequel se tenait Napoléon durant la bataille d'Austerlitz. À Tournai, le monument dédié aux Vendéens morts lors de la défense de la ville en 1914 est planté sur l'un d'eux, des tombes allemandes décorent une guerre plus tard celui d'un village normand, tandis qu'en Amérique une famille richissime en investit un pour en faire un somptueux... tombeau.Souvent arasés et redécouverts par la photographie aérienne notamment, parfois récupérés ou sauvegardés, les tumulus voués à l'éternité, connaissent une existence... tumultueuse