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Première chose, la prime de pratique intégrée 2020 (à demander l'année prochaine) reprendra les mêmes critères d'obtention que pour les années 2018 et 2019. Celle-ci ne sera cependant pas doublée, au grand dam du Cartel-GBO qui proposait cette solution pour pallier les frais supplémentaires encourus par les médecins pendant la crise sanitaire. La Médicomut a également vu le Cartel-GBO rejoindre l'Absym dans une proposition de pérenniser la téléconsultation. Les deux syndicats sont d'avis qu'il faut accélérer le processus de réflexion pour la mise en place d'un cadre réglementaire sur la téléconsultation. La Médicomut a convenu de porter la discussion au niveau du Conseil technique médical de l'Inami et du Groupe de travail télémédecine récemment créé. " À l'occasion de la crise sanitaire liée à la pandémie Covid-19, l'Inami a instauré deux nouvelles prestations : 101990 (Avis en vue du triage Covid-19) et 101135 (Avis en vue de la continuité des soins) ", rappelle le GBO. " Ces consultations 'à distance' ont eu l'occasion de faire leurs preuves pendant cette crise et il nous paraît intéressant d'examiner s'il n'y a pas lieu de pérenniser ce principe, sous respect bien évidemment de conditions très réglementées et très précises et notamment si le prestataire est titulaire du DMG du patient concerné. "" Dans le contexte particulier de la crise, la téléconsultation a démontré à la fois son efficacité mais aussi ses limites ", ajoute le Dr Lawrence Cuvelier, vice-président du GBO . " On ne peut pas tout faire par téléconsultation. Mais dans le contexte particulier que nous vivons, cette dernière s'est avérée indispensable pour éviter une prise de risques trop importante de la part du personnel de santé. Au-delà, la téléconsultation permet un échelonnement, qui n'est pas parfait bien sûr, mais permet au système de santé de gagner en efficience. À condition qu'elle soit neutre d'un point de vue financier. "Vu sous cet angle, la télémédecine représente en quelque sorte une ligne 0.5. " Je pense, oui. Souvent, on peut postposer la visite. Et si cela ne va pas mieux, on peut alors dire au patient de venir en consultation. Le problème est que si l'on donne un avis téléphonique dans le système de santé actuel, soit on facture deux euros, soit on ne facture rien du tout. Cela fausse un peu les choses, alors que si l'acte est bien encadré - il faut évidemment se méfier qu'il devienne une source d'abus - il permettrait sans doute moins de prescriptions, dans le sens où une visite décalée de deux jours chez le médecin peut dans certains cas résoudre beaucoup de choses. "Une méthode qui permet en outre d'éviter d'encombrer les cabinets médicaux. " Cela m'a frappé : les patients qui viennent le font vraiment pour un bon motif. En sus, la téléconsultation permet une triangulation entre médecin généraliste, médecin spécialiste et patient afin d'éviter que ce dernier se déplace, et en permettant la rémunération des médecins. Enfin, la priorisation que permet la téléconsultation n'est pas négligeable. Souvent, nous n'avons pas donné la possibilité au médecin de décider si la visite du patient était importante ou non. "L'utilité post-pandémique de la téléconsultation est pour le médecin une évidence. " Elle servira toujours à éviter les risques infectieux qui ne disparaîtront pas au lendemain de la crise. La priorisation s'appliquera également demain. Obliger le patient à venir à une consultation n'a pas toujours du sens. Cela empêche même parfois le médecin de répondre à une urgence. Les décisions à venir concernant la télémédecine en général sont donc importantes, d'autant que les autres pays avancent. "Un cadre sera toutefois nécessaire. " Cela fait partie des négociations actuelles. Je pense que l'autorité voudra éviter qu'un médecin ne fasse plus que du téléphone par exemple. Ce serait évidemment facile de travailler uniquement par téléphone. Cela peut générer des abus semblables à ceux supposément générés par la pratique au forfait. Il faut trouver un équilibre entre la consultation physique et la consultation virtuelle. Il y a moyen de trouver des aménagements. Le patient n'est pas dupe : s'il doit être vu, il sera vu. C'est un système qui doit marcher à la confiance. "Concernant les abus, le généraliste bruxellois se veut justement confiant. " Il y aura toujours des petits malins pour abuser du système. Mais on ne fonde jamais un système sur des abus potentiels. Ce n'est pas raisonnable. À partir du moment où notre temps, qui est de plus en plus compté, est mieux utilisé, tout le monde y gagne. " Il faudra cependant rééduquer le patient. " Je pense effectivement que l'on devra passer par là. La technologie ne s'impose pas d'emblée dans les habitudes de consultation. "Le vice-président du GBO témoigne d'ailleurs du retour des patients en consultation. " Ils reviennent déjà. C'est un bon signal, mais je continue sur le côté à faire des consultations téléphoniques. Reconnaître ces actes permettrait d'éviter l'encombrement des cabinets. "" Au-delà de la téléconsultation, la télémédecine de manière générale doit avancer. C'est quelque chose que l'on pratique sans nécessairement être payé. Mais cela peut également être une réponse à l'encombrement, particulièrement en seconde ligne. Ce n'est pas normal de devoir attendre six mois pour consulter un dermatologue. Je suis sûr que ce dernier, comme d'autres spécialistes, serait ravi de débloquer du temps pour se consacrer uniquement aux cas qui doivent être vus. "