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À la demande du Premier ministre et du ministre de la Santé publique, le CSS a publié un position paper, qu'il a présenté devant la Commission santé fédérale vendredi dernier. Trois questions spécifiques ont été posées: 1. Quel est le taux de vaccination requis pour assurer une protection efficace de la population? 2. Dans quelles mesures les outils à disposition (CST, vaccination obligatoire, et autres) contribuent à mieux contrôler l'épidémie, tant en termes de circulation du virus qu'en termes de limitation du nombre de décès, d'hospitalisations et de maladies? 3. Quel est le potentiel de ces outils pour faciliter les interventions non-pharmaceutiques? Dès préambule, le CSS précise: "Toutes ces questions ne sont pas directement liées à l'expertise du CSS ou il est très difficile (voire impossible) d'y répondre aujourd'hui dans le contexte d'incertitudes et d'évolution de variants préoccupants tels qu'Omicron."Malgré tout, le CSS répond à ces questions et délivre quelques messages clés. Le premier: la vaccination reste le meilleur choix pour se protéger contre le coronavirus. "Les vaccins actuels sont très efficaces pour prévenir l'évolution grave de la maladie vers l'hospitalisation, le séjour en soins intensifs ou le décès, également dans le cadre du variant Omicron", assurent les experts du CSS. "La principale priorité reste donc d'encourager le plus grand nombre de personnes à se faire vacciner. Une dose de rappel permet également de renforcer l'efficacité des vaccins contre Omicron."Bien que le variant Omicron entraîne des manifestations moins graves de la maladie, il parvient, en raison de sa forte infectiosité, à mettre la pression sur les soins primaires et les systèmes hospitaliers. La question se pose donc de savoir quelle est la couverture vaccinale suffisante pour protéger l'ensemble de la population belge. "Il est difficile, voire impossible, de répondre à cette question", répond le CSS. "Une hygiène des mains correcte, une ventilation suffisante et une distance physique adéquate entre les personnes restent donc - en plus de la vaccination - des outils importants dans la lutte contre la transmission du virus en cas de pic épidémique." Le CSS estime également qu'il est important d'envisager un renforcement de la capacité et de la flexibilité du système de santé pour faire face à d'éventuelles nouvelles vagues. Plusieurs pays étrangers signalent que la couverture vaccinale augmente après l'introduction du CST et/ou de l'obligation vaccinale. Toutefois, l'interprétation et la généralisation de ces données à la situation belge doivent être faites avec prudence, juge le CSS. "S'il est acceptable d'utiliser des outils (comme le CST par exemple) qui encouragent la vaccination, le CSS ne soutient pas leur utilisation lorsqu'il s'agit d'imposer une obligation vaccinale "cachée"", ajoutent les experts. Le CSS estime que l'utilisation du CST et l'obligation de se vacciner sont des mesures sanitaires indépendantes et non opposées l'une de l'autre. Elles doivent avoir, toutes les deux, des objectifs clairs et probablement différents, mis à jour en fonction des meilleures données scientifiques disponibles. En particulier lors des pics épidémiologiques, la vaccination obligatoire n'exclut pas l'utilité d'un CST, et inversement l'utilisation du CST n'exclut pas la valeur ajoutée que pourrait apporter la vaccination obligatoire. Rappelons que le CSS s'est déjà positionné en faveur de la vaccination obligatoire du personnel de santé. "Dans certaines circonstances, la vaccination obligatoire peut être une option scientifiquement et éthiquement acceptable et fondée", explique le conseil. "Selon l'objectif que les autorités politiques souhaitent maintenant poursuivre avec l'introduction de la vaccination obligatoire, réfléchir selon certaines limites d'âge est pertinent", ajoute le CSS. "Par exemple, si l'objectif des autorités est de réduire la mortalité, elle pourrait ne s'appliquer qu'aux personnes de par exemple plus de 65 ans. Si l'objectif principal est de soulager le système hospitalier et de minimiser le report des soins, une limite d'âge à partir de 40 ans et plus serait pertinente. Une obligation pour l'ensemble de la population adulte pourrait avoir comme objectif de limiter la surcharge de travail des médecins généralistes et des soins primaires."En l'état des connaissances actuelles, le CSS est d'avis qu'une telle obligation vaccinale d'une durée limitée est admissible. Sa pertinence doit être revue régulièrement, par exemple chaque année, en fonction de l'avancée des connaissances sur des futurs variants, des nouveaux vaccins (en cours de développement) et la situation épidémiologique du moment. En outre, un système de compensation et de prise en charge des effets secondaires rares et graves devrait être envisagé de manière approfondie. Le CSS préconise que tous ces éléments soient politiquement débattus en profondeur. Si cette option devait être choisie, elle doit être communiquée de manière claire et transparente au public. Dans l'idéal, il y aura une vision concertée et commune au minimum en Europe et si possible dans le monde, tant pour le CST que pour l'obligation vaccinale contre le coronavirus.