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Omicron signe-t-il la fin prochaine de la pandémie? "En un an, on a eu cinq variants. Ceux qui pensent qu'Omicron signifie la fin du virus n'apprennent rien de l'histoire", répond le Pr Dogné . "Les mutations du virus surgissent là où la vaccination n'est pas pleinement déployée. Des variants peuvent continuer à apparaître dans ces pays.""Il est par contre possible d'atteindre une forme d'immunité collective qui générera beaucoup moins d'hospitalisations, voire une maladie davantage endémique que pandémique. Mais le virus a plus d'un tour dans son sac. Je reste donc très prudent."Vaccination des femmes enceintes"Toutes les études montrent que l'on peut employer le vaccin ARN chez les femmes enceintes", répond Jean-Michel Dogné. "Le vaccin aura un double effet: il préviendra les formes sévères de la maladie chez la mère, et fournira des anticorps au foetus. Toutes les études montrent qu'il n'y a aucun impact, quel que soit le nombre de doses, le mois où elles sont inoculées, sur une naissance prématurée."On peut également vacciner la femme allaitante. "L'ARN messager ne va pas se retrouver dans le lait maternel, et quand bien même il s'y retrouverait, il serait détruit au niveau du tube digestif de l'enfant."Vaccination des 5 -11 ans "L'objectif de la vaccination est ici de réduire l'impact direct du Covid-19 chez l'enfant, même si le risque d'hospitalisation est moindre", explique le Pr Dogné . "Selon une étude parue jeudi dernier, les enfants qui développent le Covid-19 ont deux à fois plus de chances de développer des formes de diabète dans les 30 jours qui suivent l'infection."À noter que le vaccin utilisé, Pfizer uniquement, est dilué. Un tiers de la dose adulte est administrée, notamment pour éviter de potentielles myocardites. " Même plus faiblement dosé, chez ce groupe d'âge, une efficacité de 93% est conservée sur les formes graves." On notera par ailleurs que les effets secondaires et autres évènements indésirables sont pour l'heure les mêmes que ceux constatés chez les adultes, dans les mêmes proportions. "La vaccination de ce groupe est recommandée, mais pas prioritaire. La 3e dose est davantage nécessaire."Obligation vaccinaleLe Conseil d'État a validé l'obligation vaccinale des soignants (lire jdM 2698). Pourquoi est-ce qu'on ne l'impose pas à tous ceux qui sont en contact avec les patients? "Les Régions peuvent prendre des mesures pour qu'il y ait une obligation vaccinale pour le personnel non soignant en contact avec les patients. Cette question a fait l'objet de recherches juridiques poussées qui mènent à ce stade à des problèmes en termes de discriminations", répond Christie Morreale, ministre wallonne de la Santé. "Nous avons toutes les raisons de penser que des mesures régionales seraient cassées par des juridictions. Raison pour laquelle nous plaidons pour une obligation vaccinale généralisée de la population adulte. Nous avons demandé à Pedro Facon, commissaire Covid national, de rédiger une note qui devrait nous parvenir dans les prochains jours pour envisager l'obligation vaccinale."Risques d'anaphylaxies et d'allergies"Il y a peu d'allergènes potentiels dans les vaccins ARN: le polyéthylène glycol (PEG) et le trométamol dans le cas de Moderna", explique le Pr Antoine Froidure, professeur de pneumologie à l'UCLouvain et président de la Société belge d' allergologie. "Les vaccins à adénovirus (dont le Novavax) contiennent quant à eux du polysorbate 80. Ce dernier a malheureusement la particularité de parfois présenter des allergies croisées avec le PEG."Tous les centres de vaccination sont équipés et formés pour prendre une réaction allergique, même sévère. "Le risque d'anaphylaxie est très faible (entre un et quatre cas par million de doses), et comparable aux autres vaccins que l'on utilise depuis des dizaines d'années."Concernant les réactions immunes retardées (syndromes de Guillain-Barré et myocardites), elles sont imprévisibles. Néanmoins, ces réactions sont très rares, et plus fréquentes avec le virus (le risque de myocardite est ainsi cinq à six fois plus élevés) par rapport au vaccin. La vaccination reste donc conseillée. "Les cas sont rares, mais si vous avez un patient qui a une allergie connue à un des composés du vaccin, ou si un patient a fait une réaction anaphylactique après injection du vaccin, il faut en référer à un centre de référence avant l'administration d'une dose de vaccin. Même démarche si l'on suspecte une réaction retardée sévère."Pour rappel, les personnes allergiques à un composé de vaccin ou qui ont développé une réaction immune grave suite à un vaccin peuvent recevoir un certificat qui leur ouvrira la porte à un remboursement des tests PCR dans le cadre du voyage, ou de l'accès à certains événements, et à l'obtention d'un CST valable en Belgique. Dose de rappel pour les patients ayant eu récemment le CovidIl faut agir au cas par cas. "Il faut attendre au minimum 15 jours après la résolution des symptômes", explique Yves Van Laethem. "Mais c'est du cas par cas. Le rôle des médecins généralistes prend ici tout son sens: il peut conseiller à son patient d'attendre un mois ou deux sans problème. Mais il n'y a pas de raison d'attendre six mois non plus, l'immunité humorale retombant après un certain temps. C'est du bon sens.""Aucune infection au Covid, même sévère, n'est une raison de ne pas se faire vacciner dans des délais raisonnables", ajoute le Pr Froidure.