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La saga de l'été avait pour décor l'officine du pharmacien. Début août, l'annonce du ministre Vandenbroucke - les pharmaciens pourront administrer le vaccin contre la grippe cet automne, en parallèle aux médecins généralistes - a provoqué l'ire des syndicats médicaux. Le but est pourtant noble: augmenter la couverture vaccinale dans la population, encore trop faible en Belgique, en particulier pour certains groupes à risques. L'objectif répond de plus à des recommandations de l'OMS et du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), avalisé par le Conseil supérieur de la santé. Alors, qu'est-ce qui cloche? À moins de vivre dans une grotte, ou d'être parti tout le mois d'août, impossible d'être passé à côté de la réaction conjointe de l'Absym et du GBO/Cartel (lire par ailleurs les opinions sur le sujet en pages 54-55). "Laisser les pharmaciens administrer le vaccin contre la grippe est totalement inacceptable", déclarent en choeur les deux syndicats médicaux dans un communiqué conjoint. En substance, les deux syndicats estiment qu' "il n'y a absolument aucune preuve que cette mesure soit nécessaire pour augmenter la couverture vaccinale". Ils ajoutent que "rien ne prouve que les pharmaciens apportent une valeur ajoutée en tant que vaccinateurs. Au contraire, si les patients vulnérables ne se font plus vacciner par leur médecin, le risque de dommages collatéraux est réel". Au-delà de l'aspect scientifique, les syndicats médicaux regrettent que le ministre mette sur la table un projet de loi dont les effets pourront être prolongés. Si l'autorisation de vacciner pour les pharmaciens ne concerne que la période prochaine de vaccination - du 1er octobre au 31 décembre 2023 - , le projet de loi dispose que la mesure pourra être prolongée. Inacceptable, tant pour le Cartel que pour l'Absym. C'est peu ou prou la réaction du ministre Vandenbroucke aux réactions syndicales. Si Frank Vandenbroucke dit entendre les contestations du corps médical, sa priorité n'en demeure pas moins d'élargir au maximum la couverture vaccinale. Une réunion de la Concertation médico-pharmaceutique (CMP) était prévue ce mardi. Mais, à l'heure d'écrire ces lignes, l'espoir qu'elle change la donne était maigre.