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La vaccination (contre le Covid-19) par les pharmaciens déjà prévue dans la Déclaration de politique générale a passé le cap du conseil des ministres vendredi1. La loi pourrait entrer en vigueur le 1er janvier 2022. à l'heure d'écrire ces lignes, il n'a pas été possible de jeter un oeil sur le contenu du texte. Juste avant le week-end, dans une lettre ouverte adressée au Premier ministre Alexander De Croo et au ministre de la Santé publique Frank Vandenbroucke, l'Absym demandait le retrait de l'avant- projet de loi autorisant les pharmaciens à vacciner contre le Covid-19, soulignant au passage que "ce sont les pharmaciens qui sont corporatistes, pas les médecins". En effet, les velléités de l'Association pharmaceutique belge en faveur de cette vaccination pourraient, selon l'Absym, être animées par l'inquiétude face à l'arrivée des pharmaciens en ligne et des chaînes de pharmacies et la perte de revenus concomitante. L'Absym appuie son argumentation à l'aide du rapport du cabinet conseil Sirius Insight qui analyse chaque année le marché des pharmaciens. Le verdict de ces experts est en effet éclairant: 41% des pharmacies publiques ont "un faible potentiel de clientèle".L'Absym préfère en rester à la complémentarité entre pharmaciens, médecins et infirmières. L'initiative du gouvernement "risque de compromettre cette collaboration harmonieuse. Il n'existe aucune preuve scientifique que le taux de vaccination contre le Covid-19 augmenterait si les pharmaciens étaient également impliqués. Si le MG ne parvient pas à convaincre son patient de la valeur ajoutée de la vaccination, le pharmacien n'y réussira certainement pas. La très bonne entente entre pharmaciens et médecins, qui s'est transformée à juste titre ces dernières années en une véritable fraternité, est catapultée dans le royaume des ténèbres d'un simple trait de plume." à l'analyse, on constate que la Flandre a le taux de vaccination le plus élevé (80,55% de personnes entièrement vaccinées), devant la Wallonie (70,67%) et Bruxelles (57,87%). Or le nombre d'habitants par pharmacie d'officine est similaire dans les différentes régions et communautés. "La sensibilisation au Covid-19 et à la politique de dépistage et de vaccination dépend donc principalement du médecin généraliste", tranchent les pontes de l'Absym. Le syndicat du Dr Herry ajoute qu'actuellement, les médecins administrent des vaccins dans leur cabinet tout en ne pouvant pas le facturer explicitement si le patient vient les voir uniquement pour cela 2. "Si les médecins ne sont pas autorisés à facturer la consultation lorsqu'ils ne font que vacciner un patient contre le Covid-19 alors que les pharmaciens sont autorisés à facturer la vaccination, nous rentrons dans une réglementation totalement irrationnelle et malsaine. C'est le monde à l'envers." L'Absym a donc, avant que le conseil des ministres donne son accord, exhorté, le gouvernement et le ministre de la Santé publique à rejeter ce projet. Du côté du GBO-Cartel (allié à AADM), c'est plus compliqué. Le trio GBO-ASGB-AADM, allié pour la circonstance, rappelle que dès le 22 octobre à l'émission De Inspecteur (VRT), le ministre Vandenbroucke indiquait que la loi allait être modifiée permettant l'acte de vaccination par le pharmacien - jusqu'à présent un acte réservé au médecin et à l'infirmière - afin de faciliter la vaccination et ne plus encombrer les cabinets de MG. AADM et GBO, qui représentent quatre MG sur six citent en exergue la ministre wallonne de la Santé, Christie Morreale, qui allait dans le même sens pour le booster (troisième dose): "[La vaccination par le pharmacien] est une possibilité légale. Je pense qu'il faut qu'on élargisse le spectre. On sait aussi que les médecins sont très mobilisés sur d'autres choses, sur d'autres pathologies mais on doit pouvoir élargir la vaccination en offrant plus de cartes. On a eu les infirmiers et les médecins qui l'on fait donc les pharmaciens sont une possibilité légale que Frank Vandenbroucke a ouverte."Le Cartel note que, bien entendu, le médecin a seul reçu la formation médicale pour injecter un vaccin et que la vaccination par le pharmacien s'accompagne, en conséquence, de possibilités pour lui d'administrer l'adrénaline par exemple. Toutefois, avec AADM et Domus Medica, le GBO se dit favorable à une première ligne forte et à une organisation des soins de santé basée sur le principe de subsidiarité. "Dans les soins de première ligne, plusieurs tandems sont d'une importance essentielle. Pensons ici au tandem nécessaire entre médecins généralistes et infirmiers pour le maintien à domicile, mais également à celui existant entre médecins généralistes et pharmaciens. Au cours des derniers mois, ces prestataires de soins ont montré qu'une bonne coopération permettait de réaliser des choses exceptionnelles. Le succès des centres de vaccination, dans lesquels une grande partie de la population a été vaccinée en peu de temps, n'a été possible que grâce à la coopération intensive des médecins généralistes, des infirmiers et des pharmaciens. Nous souhaitons continuer à développer encore davantage cette coopération renforcée dans les années à venir en poursuivant un large débat sur la bonne répartition des tâches entre les différents prestataires de soins de santé, afin que chacun puisse exprimer au mieux ses compétences essentielles dans l'intérêt des soins aux patients."L'alliance des syndicats de MG est donc disposée à envisager la vaccination contre le Covid-19 par le pharmacien, "en tenant compte du fait que les actes médicaux ne peuvent être pratiqués que par les titulaires du diplôme légal de médecin et pour autant que cette adaptation vise à augmenter la couverture vaccinale globale". Un bémol cependant: les trois syndicats ne veulent pas ouvrir trop de "voies parallèles" et demandent aux associations professionnelles des pharmaciens et aux décideurs politiques "que, dans l'intérêt du citoyen et de la rapidité d'une campagne de rappel via les centres de vaccination et les cabinets de médecine générale, nous continuions à opter pour une approche collaborative. [Il ne faut pas ouvrir] trop rapidement des voies supplémentaires qui ne feraient que compliquer la coopération future."