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Passé l'obstacle que peut représenter cette voix constamment enrhumée, l'on doit reconnaître au vieux troubadour nord-irlandais, 77 ans tout de même, une présence vocale et un art consommé de mettre toute son âme et donc de la soul dans ses interprétations. Le vieux Van qui avoue quelques milliers de kilomètres au compteur, use ici de son pot d'échappement bouché pour entonner les chansons de son enfance, celle du skiffle, ancêtre anglais du blues, donnant une coloration inédite à ce qui ressemble au départ à un folk-blues élimé, sorte de Brassens english. Exemple parmi la pléthore de morceaux (23), le méconnaissable "I'm so lonesome I could cry" que le 'soul man' patenté transfigure carrément en morceau country slidé et mâtiné de négro-spiritual (idem sur "I' Movin'"). Le bon Blanc de la verte Irlande reprend d'ailleurs quelques vieux standards blues de Chicago comme "Mama don't allow", changé en "Gov don't allow" pour un coup de gueule contre l'intrusion des autorités dans nos vies, ou tire son éternel chapeau aux mouvements civils des années 60 sur "This Little Light of Mine", hymne datant de cette époque, le little devenant loving dans la bouche de l'ancien chanteur de Them. Oscillant entre jazz, blues, solo d'orgue et hymne folk ("Green Rocky Road"), "Van The Man" rend ainsi hommage à ses premières amours autant qu'à ses premières années. Certes, c'est un peu long, voire bavard, mais de là à prétendre que le vieux barde n'est plus... qu'une vieille barbe.