...

Les hautes tours du duché millénaire d'Uzès ombrent, tel un cadran, les tuiles de la cité. Déambulant sur les pavés calcaires, quelques touristes profitent des ruelles ensoleillées de ce " midi moins le quart " de la France. Située à un carrefour entre la Camargue, les Cévennes, la ville d'Anduze et le Vaucluse, Uzès connaît une renaissance où les guides touristiques ont remplacé les missels de jadis.Depuis la révocation de l'Edit de Nantes et jusqu'aux années soixante, les habitants avaient fui progressivement la cité. Depuis mai 68, des néo ruraux en recherche d'un eldorado écologique ont investi la région. Malraux, alors ministre de la culture, donna les motivations nécessaires à la restauration de la ville et permit aux Crussol de réinvestir le château, nationalisé au lendemain de la révolution.Autour de l'animation de la place aux herbes, des rues médiévales partent et viennent, desservant de jolies portes et des maisons élégantes. Des galeries d'art également dont la ville s'est faite une réputation.Pour nous aider dans notre visite, notre guide nous fait démarrer la visite dans la rue de la Grande Bourgade à Uzès. C'est au pied de l'Hostellerie Provençale, où Eric et François ont ouvert un hôtel et un restaurant, qu'elle nous présente l'église Saint-Etienne et son architecture renaissance.Située à 1.000 kilomètres de la capitale européenne, la belle uzétienne possède des atouts séduisants. D'autant plus qu'une ligne TGV relie Bruxelles midi à Nîmes, que Ryanair déssert Charleroi au chef-lieu du Gard et que la compagnie néerlandaise Transavia joint Zaventem à Montpellier en un peu plus d'une heure." La plupart des visiteurs belges possèdent ici une seconde résidence ou viennent rejoindre des amis qui en ont une " nous fait savoir Fadila Idri de l'agence réceptive de l'Office du Tourisme. De par son offre, " Uzès s'adresse à un public préférant les produits du terroir, les bonnes tables, l'authenticité et l'art de vivre. Des particularités propre à la ville et en opposition au tourisme de masse " nous fait-elle remarquer. Depuis l'Antiquité déjà, la ville est liée au raffinement. C'est en effet depuis le pied de la tour fenestrelle que l'Eure alimentait Nîmes en eau potable. Le célèbre pont du Gard en demeurant le vestige le plus spectaculaire.La tour fenestrelle est le campanile de la cathédrale Saint-Théodorit. Elle est contemporaine de la tour de Pise. On y retrouve un orgue des plus étonnants. Tel l'agneau mystique des frères van Eyck, ses fuseaux sont emballés dans un décorum de tissus et de bois faisant penser à un retable du 15e Siècle.Michel Tournayre est sans doute le trufficulteur le plus médiatique de la Cité. Il nous reçoit devant sa propriété riche de quelques dizaines d'hectares. Ici, des arbres mycorhizés de spores de " truffes noires du Périgord " sont plantés en ligne régulière. " Une appellation qui ne correspond pas à la réalité " nous fait savoir ce fils d'agriculteurs et de rajouter, " cette truffe pousse principalement dans le sud-est. Nous sommes les premiers producteurs de France. " C'est sous des chênes mais également des tilleuls, des pins ou des noisetiers que nous entamons notre visite. En ce mois de février, la terre était retournée manuellement tout autour des troncs : " Histoire de plaire à la Truffe qui aime les terrains où elle est perturbée ". Un champignon qui aurait tendance à se développer sur les nouvelles racines. Ici tout est dit au conditionnel car la culture est passée récemment d'une activité d'appoint à une science en devenir. C'est dès lors en collaboration avec l'Université de Montpellier que Michel Tournayre teste de nouvelles techniques. Un appareil photo a été enterré pour étudier l'évolution du champignon ainsi que des hygromètres pour relever l'humidité. Dans ce laboratoire à terre ouverte, l'homme essaye de comprendre l'évolution d'un mets de Rois dont la nature nous a encore caché bien des secrets. A Uzès, le marché de la Truffe se tient le troisième dimanche de janvier et les visites ont lieu toute l'année. Rentrer dans la salle de dégustation, c'est être envahi par une odeur enivrante composée de 50 molécules aromatiques, sans compter les tanins. Une expérience exceptionnelle. Des repas autour de la tuber melasporum et des vins régionaux se tiennent à la propriété durant la récolte.