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Initiée par le baron Léon Lambert durant les années 60, à l'époque où la banque avait encore un ancrage belge, la collection ING fut une des premières à s'intégrer sur le lieu de travail d'employés qui n'avaient pas choisi les oeuvres auxquelles ils étaient confrontés, suscitant leur interrogation, leur réflexion et leur ressenti.L'expo présentée dans l'espace d'exposition de la banque désormais hollandaise, part du même principe et veut, dans un espace ouvert, susciter une réflexion, tenter de rendre accessible aux non-initiés un art souvent hermétique pour qui n'en possède pas les codes.Outre des cartes explicatives éclairantes, et un audioguide qui ne l'est pas moins, les initiateurs de l'expo ont choisi d'en proposer une approche qui favorise notamment la visite en famille, afin de susciter l'échange, et des ateliers afin de favoriser dès le plus jeune âge une fréquentation, si pas naturelle, du moins décomplexante vis-à-vis de la création contemporaine.Une création devenue exponentielle, dans une collection qui démontre le choix avisé, d'abord du baron Lambert. Personnalité intéressante puisque belge, un pays aux premières loges de l'influence étasunienne dans les années soixante avec Rauschenberg notamment ( Airport series, une oeuvre textile) ou Baldessari.Si les Américains sont les plus représentés dans ce déplacement du centre de l'art contemporain de Paris à New York, la collection inclura au fil du temps des artistes italiens (Pistoletto, Boatti et Paolozzi ), français (un Buren habituel, Boltanski et une oeuvre stupéfiante intitulée Sans souci sur les moments de détentes des SS durant la guerre) et beaucoup... d'Allemands (Trockel, Gursky, Baumgartner).Des oeuvres plus anciennes affleurent parfois, dont celles de Belges : un bronze classique de corps de femme signé Permeke, un Gustave De Smet ( L'écuyère) forcément forain, un Broodthaers photographique ( Soupe de Daguerre), une oeuvre d'une simplicité lumineuse d'Ann Veronica Janssens ou une autre en bois de son ex-compagnon Michel François. Alechinsky signe encore un C ontre la photographie assez habituel, mis ironiquement en regard d'un Gursky, Ofenpass, une montagne enneigée photographiée dans un tel gros plan qu'elle finit par ressembler à une peau laiteuse, celle de la Terre.La photographie (les portraits de Thomas Ruff, un paysage brugeois doublement strié par Baumgartner, ceux cinématographiques de Gregory Crewdson) constitue une part non négligeable de cette expo qui mêle également à la fois sculpture (Antony Gormley aérien), peintures (très peu), dessin (un seul, celui émouvant d'une fleur par Mondrian), textile (Rosemarie Trockel) technique mixte dans un inhabituel Gilbert et George ou un miroir de Pistoletto de 76, et installations (vidéo de la Française Ariane Loze, photo et sonore de Roni Horn sur le thème de l'eau).Même si le conceptuel domine, les oeuvres se répondent et dialoguent. Et preuve que la collection est loin d'être figée dans le temps, elle se termine sur l'oeuvre, installation multimédia mais surtout ludique de notre jeune compatriote Floris Vanhoof.Plus que d'une exposition, le tableau d'une collection.