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Embarquant pas moins de 790 facteurs de risque, l'application, baptisée "Cancer Risk Calculator" (CRC), met l'accent sur les modes de vie modifiables afin d'encourager les comportements préventifs. Ces facteurs de risque sont issus des données "SEER" (Surveillance, Epidemiology, and End Results) du programme de l'Institut national du cancer (NCI) au sein des NIH américains, ainsi que de la littérature scientifique. "En tant que radiothérapeute, je traite des patients en oncologie tous les jours", contextualise le Dr Westerlinck. "Pas mal d'entre eux, même à cette étape de leur trajet de soins, se demandent pourquoi ils ont développé un cancer. Ils ne comprennent pas, ils n'ont pas la moindre idée de leurs facteurs de risque d'avoir un cancer..."Le radiothérapeute oncologue a consacré cinq années de sa vie au développement de cette application. Il en a même écrit une grande partie du code avec le soutien de son meilleur ami informaticien. Un énorme investissement, qui s'inscrit dans le cadre de la thèse de doctorat qu'il passera à l'ULiège dans deux mois ("Development and evaluation of a comprehensive cancer model and mobile application for public awareness and prevention"). Une publication scientifique est d'ores et déjà parue en septembre dans l'International Journal of Medical Informatics[1]. L'appli, gratuite, est disponible en trois langues (français, anglais et néerlandais). Concrètement, une fois qu'elle est installée sur le smartphone, l'utilisateur complète un profil assez précis de sa situation de santé pour nourrir l'algorithme. N'y a-t-il pas de risque à mettre son dossier médical en ligne? "Non, nous avons une excellente privacy policy, aucun input n'est transmis ni vers Apple, ni vers Google ni aucun autre tiers. C'est de toute façon impossible car toutes les data restent sur l'appareil même, rien n'est transmis vers un serveur, ni vers nous. C'est complètement confidentiel", rassure le Dr Westerlinck. Le CRC intègre 211 modèles de risque validés, y compris la probabilité de décès pour chaque type de cancer, permettant à l'utilisateur de comparer différentes approches, de comprendre ses risques personnels et donc de se responsabiliser et s'autonomiser (principe d' "empowerment"). Le médecin insiste toutefois sur la prudence à garder vis-à vis de l'outil: "Ces résultats sont donnés strictement à titre informatif. Une application mobile ne va jamais dire à quelqu'un qu'il a un cancer ou qu'il va en développer un. Le contexte clinique demeure essentiel. Peu importe les facteurs de risque indiqués dans l'appli, l'avis du médecin et les examens cliniques restent primordiaux."