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Neuf volontaires ont consommé, pendant un an, un trio de médicaments (hormone de croissance, metformine et déhydroépian-drostérone (DHEA)). L'idée germe dans le cerveau du chercheur en chef Gregory Fahy le jour où il tombe sur une publication sur l'implantation de cellules productrices d'hormones de croissance chez des rats, avec un rajeunissement à la clé. Dix ans plus tard, le Pr Fahy se traite lui-même, pendant un an, avec de l'hormone de croissance et de la DHEA. Incroyable : son thymus montre des signes de régénérescence.Voici le point de départ d'une étude portant sur neuf hommes, âgés de 51 à 65 ans. L'utilisation de metformine et de DHEA suit deux logiques. D'une part, il s'agit de médicaments auxquels on prête des vertus rajeunissantes (avec certes peu de preuves à l'appui, en particulier en ce qui concerne la DHEA). D'autre part, les deux produits contrent l'hyperglycémie induite par l'hormone de croissance. L'étude a reçu l'approbation de la FDA en 2015.Les résultats, publiés dans la revue Aging Cell, font état d'une régénération du thymus chez sept des neuf personnes. Le tissu adipeux avait diminué, remplacé par du tissu thymique fonctionnel. Des marqueurs sur les globules blancs ont en outre montré un rajeunissement du système immunitaire. Les chercheurs ont constaté une augmentation du rapport entre lymphocytes et monocytes. À ce titre, on sait que de hautes valeurs sont liées à un meilleur pronostic pour certaines formes de cancer et de maladie cardiaque.Ce n'est que dans un deuxième temps, une fois l'étude terminée, que les chercheurs ont eu l'idée de chercher les effets du traitement sur l'horloge épigénétique du tissu des participants. Ce volet a été confié au généticien Steve Horvath, de l'Université de Californie. L'intéressé a observé la méthylation de l'ADN, un marqueur qui évolue avec le temps et reflète l'âge de la personne. Le Pr Horvath a constaté que l'horloge épi-génétique des participants avait reculé d'environ deux ans et demi. À son grand étonnement, car l'intéressé avait tout au plus espéré une stabilisation. L'effet a perduré pendant six mois après la fin du traitement.Les chercheurs se préparent déjà à une étude de plus grande envergure, qui confirmerait les résultats actuels et permettrait la mise au point d'un traitement visant à rajeunir le système immunitaire, en cas d'immunosénescence par exemple.