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Revenue dans sa Grèce natale afin de fêter avec son époux leurs vingt années d'engagement, Tina passée voire sa vieille mère qui s'enfonce dans la brume de l'oubli, se voit remettre par la vieille servante Viola, un panier de lettres et carnet poussiéreux. Journal intime et missives enflammées de sa jeunesse, durant laquelle, la très belle Hellène s'est engagée dans un ménage à trois sulfureux : petite amie de Marco, elle succombe sans lutter au charme de son père, vieux chasseur veuf, que la jeune fille au regard de biche ramène physiquement à la vie... entre un paternel absent, une mère naïve et jeune garçon encore maladroit, Tina trouve auprès de Simon une protection bienveillante, l'expérience et l'assurance d'un homme qui la sécurise autant qu'il chérit sa jeune proie... On pense à bonjour tristesse, mais c'est bonjour vieillesse, que ce roman plutôt artificiel, dont l'origine est une confidence faite à l'auteure d'une aventure à la Carla Bruni, mais à l'envers. Le récit est celui d'une jeune fille de 19 ans, grande bourgeoise grecque qui vit dans un milieu dont la seule occupation semble être le badinage ballottée sans volonté apparente entre l'attirance animale, sombre effrayante parfois de la jeunesse, et la sérénité croit-elle de la maturité grisonnante. Artificiel, s'il y a de belles pages sur la jalousie notamment, lorsque Christine Orban imagine la désormais femme relire les lettres trente ans plus tard dans la voiture qui la conduit vers le Péloponnèse, mari qui accepte ses longues absences en se faisant tapoter gentiment l'avant-bras. Évidemment, le désir de jeunesse par des plus âgés est chose courante, mais les Six contes moraux d'Éric Rohmer, plus courts forcément et surtout plus ouverts, qui ne dévoilaient que la genèse d'une attirance étaient dès lors bien plus érotiques : le genou de Claire ne remonte pas jusque l'entrecuisse. Est-ce que tu danses la nuit..., de Christine Orban, Albin Michel, 282 pages