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C'est Haixia Sun, médecin généraliste à Zottegem, qui prend la parole, et qui témoigne avec son collègue bruxellois, Frans Van Aerschot, de la façon dont le coronavirus captive la Chine et la communauté chinoise à l'étranger.Le Dr Sun a pris contact avec son collègue le Dr Zheng Zhi Zhou de l'hôpital Jiangxia via un livestream. L'hôpital se trouve dans la mégalopole de Wuhan, " mais cet hôpital de district de première ligne ne reçoit pas de moyens des autorités chinoises. Elles préfèrent investir dans de plus grands hôpitaux ", note Haixia Sun.Vous en devinerez aisément la suite : " Pour les patients qui sont dans un état grave, il n'y a pas de respirateurs. Ils ont aussi un besoin urgent de matériel médical. De plus, après deux semaines, les médecins et le personnel infirmier sont épuisés. Ils font des pauses de 10 à 12 heures, sans boire, manger, ni aller aux toilettes, et ce, afin d'éviter de devoir ôter leurs combinaisons, leurs lunettes et leurs masques protecteurs. "Et Haixia Sun de souligner également qu' " on lutte contre le virus grâce à une combinaison de médecine occidentale et traditionnelle, un double traitement donc. Dans 90% des cas, on voit des effets positifs. Chez huit sur dix, on parvient à stabiliser le virus et chez 60% des patients, on observe une sérieuse amélioration des plaintes après trois jours. " La médecine traditionnelle reste très estimée en Chine. " On essaie ici surtout de renforcer le système immunitaire du patient. "Cette double prise en charge en Chine va de pair avec les appels au sein des communautés chinoises à se comporter de façon responsable. " Ainsi, le journal chinois en Belgique, Capital News, a récemment lancé un appel aux personnes qui sont allées dernièrement en Chine, de rester deux semaines à l'intérieur. Les patients sont aussi invités à contacter leur médecin par téléphone plutôt que d'aller à son cabinet. Et l'actrice chinoise célèbre, Song Jia (qui est mariée à un Belge et qui habite à Hasselt), planche sur un court-métrage pour tenter de redorer quelque peu l'image de la Chine. "Nous avons des retours similaires chez le Dr Frans Van Aerschot. Ce médecin bruxellois a un lien depuis de longues années avec la Chine. Il y est parti en 1972. Durant son séjour, il a rencontré celle qui deviendra plus tard son épouse. " Je me débrouille pas mal en chinois, mais ces jours-ci, c'est surtout mon épouse qui prend le téléphone pour répondre aux questions et aux inquiétudes de mes patients chinois. À leurs yeux, je ne suis qu'un blanc et même si je leur donne les mêmes explications ou les mêmes conseils, ils les accepteront moins facilement que s'ils viennent de ma femme. Et ce qui complique encore les choses, c'est que lorsque des Chinois parlent de maladies, ils utilisent souvent des proverbes que je ne connais pas. "La semaine dernière, le Dr Van Aerschot a d'ailleurs fermé son cabinet par précaution. " J'ai aussi envoyé des patients à l'hôpital Saint-Pierre. Parmi ceux-ci, il y avait des Chinois qui étaient encore allés récemment en Chine. " Et il illustre à l'aide d'un simple exemple le fait que la crainte est bel et bien présente dans la communauté chinoise : " Lorsque je suis allé au supermarché chinois ce matin, ils étaient contents de me voir. Les Chinois sont vraiment inquiets. La peur est profondément ancrée en eux. Ils n'osent plus sortir. "Frans Van Aerschot a d'ailleurs suspendu provisoirement ses propres projets de voyage en Chine. " Normalement, j'y vais une fois par an pour aller y travailler en tant que médecin dans des villages de campagne. Cette année, j'avais l'intention d'aller dans la région autour de Xian, mais j'ai dû revoir mes projets. Bien que Xian soit encore situé à des centaines de kilomètres de la zone fermée autour de Wuhan et Hubei, mes contacts en Chine me déconseillent pour l'instant d'y aller. On ferme d'ailleurs de plus en plus de provinces. "Le Dr Sun entend les mêmes récits des membres de sa famille. " Mes parents habitent dans la province à côté d'Hubei et ma soeur vit sur l'île de Hainan. Dans les deux cas, on conseille de toute façon aux gens de rester à l'intérieur. Ils ne se font pas directement des soucis, mais leur vie sociale est interrompue. Les vacances scolaires sont par ailleurs prolongées jusqu'au 1er mars dans toute la Chine. Un grand opérateur de télécoms oblige ses employés à rester chez eux. On peut quitter l'île, dit sa soeur, mais dans ce cas, on ne peut pas y revenir. "Le fait que les autorités chinoises prennent des mesures de quarantaine aussi drastiques et ferment de plus en plus de zones, ne soulève pas encore de protestations, même si les médias internationaux sont plus critiques, notamment lors de la mort de l'ophtalmologue, Li Wenliang, qui avait été le premier à tirer la sonnette d'alarme à Wuhan : " Imaginons que le virus se propage en Europe, va-t-on alors décréter des mesures de quarantaine ici aussi ? Sur ce plan, les Chinois sont plus dociles. Ils écoutent lorsque les autorités décrètent de pareilles mesures. "