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Àl'occasion de la commémoration du 110e anniversaire du début de la Première Guerre mondiale, la mutuelle l'Union belge a organisé, début septembre, un après-midi de commémorations en présence de l'ambassadeur de Belgique en France, Jo Indekeu, président d'honneur de la mutuelle, de Jacques Kossowski, le maire de Courbevoie, et de Paul de Gerlache, président de la mutuelle. À l'issue d'une brève rétrospective, une plaque a été inaugurée, en vue d'être posée sur la façade de ce qui est, depuis 1912, une maison de retraite, située au pied de... La Défense, ce qui ne s'invente pas. Tout le personnel de l'Ephad, la centaine de résidents et leurs familles ont été associés à la cérémonie, qui a rappelé que ce lieu de soins français est d'abord un lieu d'histoire belge. Dans les années 1880, les Belges représentent le groupe d'étrangers le plus important en France. Nombre d'entre eux travaillent sur les chantiers haussmanniens et à la construction de la ligne 1 du métro parisien. À une époque où la protection sociale est embryonnaire, les ouvriers et artisans sont vite démunis en cas d'accident ou de maladie. Soucieux de venir en aide à leurs compatriotes, des mécènes belges créent, le 8 juin 1888, l'Union belge. Société de secours mutuel et de bienfaisance, elle bénéficie très vite du soutien de la famille royale et du gouvernement belge. En 1891, le roi Léopold II lui décerne le titre de "société royale". Un hospice en belles pierres est construit à partir de 1909 à Courbevoie. Il accueille ses premiers résidents en 1912. Pendant la Première Guerre mondiale, une partie de l'hospice est mise à disposition des armées française et belge. De nombreuses personnalités belges rendent visite aux soldats convalescents: la baronne Eugène-Napoléon Beyens, épouse du ministre des Affaires étrangères, la princesse Charles de Ligne, la princesse Pierre de Caraman-Chimay, le baron Henri Kervyn de Lettenhove qui a perdu son fils de 19 ans au front, et le baron François Empain, très impliqué dans l'organisation des secours rendus aux familles belges et dans la construction du métro parisien. Le 6 mars 1915, c'est au tour de Raymond Poincaré, le président de la République française, de venir. Sa visite est filmée, puis projetée dans les cinémas parisiens. Il revient avec son épouse le 22 mars pour rendre visite à un ouvrier des usines Martin, blessé à la suite du passage de zeppelins qui ont lâché plusieurs bombes en survolant Paris dans la nuit du 20 au 21 mars. Enfin, le roi Albert Ier vient le 6 décembre 1918 saluer les soldats et remercier les dirigeants de l'Union belge pour leur dévouement Au début des années 1920, l'hospice ouvre ses portes aux résidents français. De 1912 à 2001, les soeurs de la congrégation de Saint-Joseph de Chambéry, puis les soeurs de la congrégation espagnole de l'"Amor de Dios" gèrent la maison. La nécessité de faire appel à du personnel civil, la nouvelle réglementation en termes de sécurité et l'obligation de médicaliser toute maison hébergeant des personnes âgées dépendantes imposent de lourds investissements. Pour y faire face, l'Union belge s'allie en 2008 avec un partenaire privé, Mapad santé, présidé par le Dr Gérard Sitbon, au sein d'un Groupement de coopération sociale et médico-sociale. En 2009, le bâtiment fait l'objet de travaux d'extension et de rénovation pour accroître sa capacité d'accueil. Désormais, l'Union belge peut accueillir 104 résidents autonomes, dépendants ou désorientés (UPPD). La mutuelle l'Union belge remplit plusieurs missions, dont celle d'améliorer la qualité de vie des résidents par des animations culturelles ou des actions de solidarité sous différentes formes, comme la prise en charge partielle de loyers. L'Union belge a par ailleurs créé un fonds de dotation en 2018 avec, comme objet, de développer ou de soutenir des activités en vue d'aider les personnes âgées à sortir de leur isolement. Avec l'aide de Gérond'if, le gérontopôle d'Île-de-France, ce fonds a lancé en 2022 un prix annuel de l'innovation pour soutenir et récompenser des établissements publics ou non lucratifs, situés en Île-de-France et en Belgique, qui souhaitent se doter de solutions technologiques dans l'ensemble des secteurs de la gériatrie et de la gérontologie. Le fonds a distribué son troisième prix en juin dernier. Depuis 2019, cette institution gériatrique cherche à se différencier par une politique culturelle ambitieuse, qui accompagne au quotidien les résidents et renforce le lien social au travers de conférences culturelles, visites guidées, évasions via un casque virtuel, spectacles et concerts... Des partenariats dans la durée ont notamment été noués avec des institutions tels que le château de Versailles, le musée du Quai Branly, la Comédie française ou le Louvre. La pratique artistique des résidents est encouragée à travers l'intervention d'artistes professionnels.