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Klaas Vanderperren, 42 ans, s'est fait tout seul. Depuis l'enfance, ses parents l'emmènent dans les musées belges et étrangers. " Pour être honnête, ce n'était pas toujours mon truc, mais lorsque nous avons visité le musée Cobra d'Amstelveen, un frisson m'a parcouru l'échine. Moi aussi, je voulais soudainement devenir peintre ! Le côté tour à tour joyeux, enfantin, fantastique ou coloré de Karel Appel et d'Asger Jorn, voilà ce qui me parlait. Je voulais être libre de créer comme bon me semble. Pour moi, l'art ne doit pas nécessairement être pertinent au niveau sociétal, ou même représenter la misère du monde." Klaas Vanderperren habite avec son partenaire à l'extrémité d'un cul-de-sac, avec vue sur le paysage vallonné à la frontière entre Brabants flamand et wallon, dans la commune d'Ottenburg. Attenante à la demeure, une maisonnette, croulant sous les pots de peinture, brosses et pinceaux en tous genres. Des pots d'ananas en plastique aussi, où l'artiste mélange sa peinture avec de l'eau. " Pour encore mieux éclabousser la toile !" Le sol est jonché de taches de peintures et de morceaux de papier, de carton, d'affiches, qui trouveront certainement leur utilité dans l'un ou l'autre collage. Seules quelques dizaines de peintures ornent les murs ou pendent à un clou. Des toiles de tous formats, riches en couleurs vives. Les personnages font souvent penser à ceux d'Appel et Jorn. La forme rappelle un peu Basquiat, avec parfois des touches de Picasso. " Ce sont les grandes oeuvres qui marchent le mieux", explique Klaas. " J'ai la chance de pouvoir travailler avec des galeries qui aiment mon travail et le vendent avec enthousiasme. Oui, les affaires marchent bien pour moi !" Le Nouvel art contemporain, comme se nomme cette nouvelle forme artistique, a le vent en poupe dans les galeries. " Deux facteurs expliquent cette explosion", explique Klaas Vanderperren. " La contre-culture du street art et du hip hop constitue un foyer artistique important, avec des francs tireurs de haut vol comme Jean-Michel Basquiat qui marchent fort sur le marché de l'art et des enchères. Par ailleurs, les artistes se profilent aujourd'hui via d'autres canaux, Instagram en tête, par lesquels les galeristes viennent constamment chercher de nouveaux talents. J'ai moi aussi découvert qu'il ne servait à rien de contacter soi-même les galeries. Il vaut mieux attendre qu'une galerie vous découvre. Et cela se passe la plupart du temps sur Insta.Contrairement à de nombreux contemporains, Vanderperren n'est pas le produit du monde underground du street art et du graffiti. L'intéressé cherche plutôt l'inspiration du côté de la culture populaire, de la télévision et des célébrités, mais aussi du monde de la danse contemporaine. Klaas a d'ailleurs participé, en tant que performer, à plusieurs productions de Lune, la compagnie de Louvain. " Ce n'est pas évident de peindre une toile de 3x3 m en une heure et demi sur scène, alors que danseurs et danseuses virevoltent autour de vous. C'est très étrange de travailler dans cet environnement, alors que vous êtes habitué à peindre tranquillement dans votre studio du bout du monde."