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Dans l'ambiance ouatée d'une ville de banlieue japonaise endormie, un trio de voleurs trouve refuge dans un vieux commerce de quartier abandonné : les trois pieds nickelés du cambriolage, victimes d'une panne de voiture au retour d'un larcin, se décident d'y attendre le jour afin de s'éclipser discrètement. Soudain projetés dans l'ambiance poussiéreuse de la fin des années 70, leur attente est très vite perturbée par le dépôt d'une lettre au travers du rideau en métal. L'expéditrice sollicite le conseil du propriétaire, disparu depuis longtemps, quant à l'abandon ou non de la compétition d'escrime, alors qu'elle espère être sélectionnée pour les prochains jeux olympiques, afin de s'occuper de son amoureux et entraîneur, en train de succomber à un cancer, les olympiades devant se dérouler l'été prochain à Moscou... en 1980 ! Depuis le futur, les trois compères lui répondent au présent dans le passé... Mécanique implacable et engrenage parfaitement réglé que ce roman fantastique, plutôt un conte merveilleux, qui voit cette échoppe délaissée constituée une jolie bulle de temps où trois rebuts de la société japonaise deviennent soudain, à leur corps défendant, les démiurges bienveillants d'histoires et de destins personnels qui révolutionnent autour de cette épicerie - toujours de bon conseil - et qui jouera même les oracles. Parfois d'une absurdité drolatique, touchant, et surtout d'une grande humanité, Les miracles du bazar Namiya constitue un univers cohérent sur lequel Higashino, grande figure du roman policier japonais règne en épicier suprême, et transforme dans une langue épurée ses trois voleurs de montres... en maîtres des horloges.