Dans le programme de vaccination, une compétence communautaire, on administre toujours gratuitement aux enfants un vaccin conjugué contre les méningocoques C. En juillet 2019, le Conseil supérieur de la santé a cependant recommandé de remplacer ce vaccin par un vaccin conjugué contre les méningocoques ACWY, et d'également administrer celui-ci aux adolescents. Mais penchons-nous un instant sur le suivi épidémiologique des méningocoques en Belgique et sur la mise en place des stratégies de vaccination.
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Vous cherchez les chiffres des différentes infections à méningocoques en Belgique ? C'est à la porte de Sciensano qu'il faut frapper. Le Dr Wesley Mattheus, chef du Centre national de référence (CNR) pour les Neisseria, nous explique que le CNR s'occupe principalement du diagnostic de première ligne des échantillons qui restent négatifs en culture hospitalière. Le PCR en temps réel permet au CNR de définir s'il s'agit bien d'une infection à méningocoques et de déterminer le sérogroupe. Le CNR le détermine même quand les souches ont pu être isolées, de sorte que l'hôpital et les inspecteurs régionaux de la santé puissent savoir, le cas échéant, quel vaccin administrer aux contacts rapprochés du patient. Dans un deuxième temps, le CNR est également compétent pour la surveillance et la " cartographie " des souches en circulation en Belgique. Les tendances chiffrées générées par le CNR permettent ensuite d'adapter la stratégie de prévention. Le centre suit l'épidémiologie belge depuis déjà 50 à 70 ans. On dénombre trois grandes épidémies, dont deux à méningocoques B (MenB) au début des années 70 et 90. Début 2000, on a également assisté à une montée de méningocoques C (MenC), suite à quoi le vaccin conjugué contre celui-ci a été ajouté aux vaccins de base chez les enfants. L'épidémie a ainsi pu être jugulée, même si certains cas isolés surviennent encore très sporadiquement (voir schéma). MenB reste le sérogroupe le plus courant en Belgique, même s'il est en diminution légère depuis dix ans. On constate par contre, ces dernières trois ou quatre années, une recrudescence des cas de MenW et MenY, qui représentent aujourd'hui 50% des infections à méningocoques. Nous ne disposons pas encore de chiffres précis pour 2020, mais tout comme dans d'autres pays, les courbes s'aplatissent sensiblement, probablement par la limitation des contacts rapprochés suite aux mesures contre le corona. En Belgique, nous disposons d'un vaccin polysaccharidique conjugué contre le MenC et de deux vaccins polysaccharidique conjugués contre le MenACWY. Ajoutons à cela les deux vaccins à base de protéines contre le MenB. Le Dr Mattheus rappelle que, contrairement aux vaccins conjugués, il n'existe aucune preuve scientifique que ces deux derniers aient un réel effet sur le portage. Ils ne peuvent donc vraisemblablement pas non plus permettre d'immunité de groupe. Au niveau fédéral, le CSS a pour compétence de promulguer des recommandations quant au programme de vaccination en Belgique. Concernant les méningocoques, il a revu son avis en juillet 2019. Au vu de l'incidence en augmentation du MenY et du MenW, le CSS a en effet conseillé de remplacer, chez les enfants de 15 mois, le vaccin MenC par le vaccin contre MenACWY, et d'ajouter ce dernier au programme des adolescents. Le vaccin contre le MenB n'est pas spécialement recommandé, mais peut-être envisagé au cas par cas. Jusqu'à présent, les Communautés n'ont toujours pas implémenté le nouvel avis du CSS. LE Dr Geert Top de l'agence flamande Zorg & Gezondheid et le Dr Paloma Carillo, du programme de vaccination de la Fédération Wallonie-Bruxelles (gérée par l'ONE), nous en explique les raisons. En Flandre l'une d'entre elles est que le nouveau marché pour l'achat de vaccins contre le MenC avait déjà été attribué au moment où le CSS a adapté son avis. Le nombre de cas de méningocoques W et Y étant toujours très bas en Flandre, avec six cas de sérogroupe W et deux de sérogroupe Y dans la population de moins de 20 ans en 2019, remplacer le MenC par le Men ACWY n'aurait pas beaucoup d'impact à l'heure actuelle. Le Dr Carrillo confirme que c'est également le cas dans le sud du pays. Elle rappelle aussi qu'il est normal qu'il faille un certain temps avant qu'un nouvel avis du CSS soit intégré au programme de vaccination. Le CSS ne tient en effet pas compte de la situation économique, des répercutions sur les programmes existants et des difficultés d'implémentation. S'ajoutent à cela des considérations budgétaires et une harmonisation nécessaire avec les autres mesures de prévention. Ainsi, en 2019, les deux Communautés avaient par exemple déjà opté pour l'élargissement de la vaccination contre le PVH chez les jeunes. Le Dr Top ajoute que Kind en Gezin rappelle systématiquement aux parents qu'ils peuvent troquer le vaccin gratuit contre le MenC pour le vaccin payant contre le MenACWY. A l'ONE, ce conseil n'est pas systématique, car il représente également un coût élevé, pour un nombre de cas tout de même très bas. On préfère ici une approche au cas par cas, dans la perspective d'un voyage par exemple.