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Artiste vénézuélien, Jesus Rafaël Soto a très vite rejoint l'Europe dans les années cinquante, âgé d'une petite vingtaine d'années et, après la recherche optique du début, rejoint le premier groupe d'artistes cinétiques de Paris dont Jean Tinguely et Vasarely. Une de ses premières oeuvres, sans titre, n'imprime de mouvement qu'au travers de ses traits, dans une sorte de préKeith Haring de noir de jaune et blanc.Mais très vite ce maître de l'illusion d'optique, place ses sérigraphies derrière une vitre de plexiglas, jouant de rayures devant et de courbes derrière, pour plonger le spectateur dans un tourbillon d'impressions.Ces structures cinétiques font partie de ses premiers essais, comme d'ailleurs une vibration noire, qui le voit faire ressortir du métal de la toile opaque jusqu'à en devenir une toile sculpturale comme dans Sculpture n°3 - des fils de fer s'échapper du tableau dans un relief vertigineux -, ou dans Triptyque noir et blanc.Travaillant par séries, Soto parvient à des recherches sur l'illusion d'optique dans vibration pure illusion de mouvements provoqués par les stries en 68 ou Nouvelle écriture, plus tôt en 63, qui en invente une nouvelle en effet, s'inscrivant sur un support fonctionnant sur le même principe.Des recherches qui l'amenèrent parfois à une sorte d'Arte povera en 60, lorsque l'artiste présente un morceau de poutre en bois récupéré et maculé de vieux clous (sans titre, 1961).Vient le temps des pénétrables, initié par des mobiles de métal, genre de structure cubique en tuyau de métal suspendu. Elles annoncent les fameux et immenses cubes aériens, faits de fils suspendus de métal, de PVC ou de cordes, dans lequel le visiteur est invité à entrer : le spectateur et l'oeuvre, selon les mots de Soto, sont ainsi physiquement et inextricablement liés.Les pénétrables sont parfois blanc et jaune, voire sonores, et donneront lieu dans les années 90, à des sculptures de tiges de métal immobiles, dans lesquelles leur couleur et l'effet d'optique donnent la sensation de mouvement, du "mobile", comme dans Dôme au centre rose en 97 : selon l'endroit d'où la sculpture est regardée, apparaît en effet une sphère en effet rosâtre en son centre.Ces séries récurrentes ont pour noms volumes virtuels, extensions ou progressions dans le cas de Double progression bleue et noire : striement fascinant et perturbant pour l'oeil.Pratiquant une sorte de Vasarely en 3 D, Soto évoque aussi un Pol Bury sans moteur, mais pas sans mouvements : mobile par le simple jeu des propriétés optiques des couleurs, des espaces et des matières. Le diptyque intitulé blanc et noir rappelle les grandes toiles massives d'un Rothko qui s'essaierait à la peinture en relief, que pratiquerait aussi Buren dans Le damier rose et blanc.Les dernières années voit Soto réaliser des tableaux mosaïques en relief de métal et bois en 2001 qui paraissent pixellisés, mais conservent intact l'impression de mouvement qui prévalait auparavant et ce même pouvoir hypnotique.Si ces oeuvres ludiques, au nombre de 70, sont parfois " pénétrables ", l'art de Soto se révèle lui pénétrant.