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"Actuellement, c'est le BA5 qui prédomine en Belgique (95% des variants circulants). Il y a un petit nouveau, le BA2.75, qui se transmet un peu mieux. Ces variants se transmettent de plus en plus facilement puisque c'est comme ça qu'ils survivent dans la nature", a expliqué Charlotte Martin (service des maladies infectieuses, CHU Saint-Pierre) au cours des Journées de l'Amub (8 au 11 septembre). 79,1% de la population a reçu un protocole de vaccination initial complet et 62,1% la première dose de rappel. Faut-il parler de deuxième booster, de deuxième rappel, de dose de l'automne...? "La primovaccination, c'est 2 vaccins de Pfizer ou de Moderna ou d'AstraZeneca ou 1 vaccin Johnson, sauf pour les immunodéprimés qui ont reçu une dose supplémentaire. 62% de la population a déjà fait un rappel, en général fin 2021, qu'on appelle le booster 1 ou la première dose de rappel. Ici, on parle de la 2e dose de rappel (booster 2) ou de la dose de l'automne 2022."Un corrélat de protection est un marqueur immunologique associé à la protection contre une infection. "Les anticorps ne sont pas toujours de bons corrélats de protection: le système immunitaire est redondant c'est-à-dire que pour se protéger contre une seule infection, il a développé de multiples mécanismes (immunité cellulaire, mémoire immunitaire, immunité muqueuse...). Les anticorps ne reflètent donc parfois que partiellement une protection immunitaire", fait-elle observer. De plus, leurs caractéristiques fonctionnelles jouent comme leur quantité, leur durabilité ou le fait qu'ils soient neutralisants ou pas. "Par conséquent, le taux d'anticorps est souvent insuffisant pour tirer des conclusions.""L'immunogénicité des vaccins contre le Sars-CoV-2 implique une réponse humorale (nombre d'AC Spike-spécifiques, AC neutralisants et capacité de neutralisation des AC), mais il y a aussi une réponse cellulaire (cellules T CD4+ productrices d'IFN-g et CD8+). Par conséquent, il faudrait une analyse combinée et complexe de l'immunité humorale et cellulaire pour pouvoir par exemple identifier les répondeurs au vaccin ou savoir si quelqu'un est toujours protégé après une infection ou après une vaccination", insiste-t-elle. Ensuite, il y a le concept d'immunité stérilisante: "C'est ce qu'on attend d'un vaccin, qu'il empêche complètement d'attraper l'infection. Une immunité efficace peut prévenir la maladie mais conduire à une infection a- ou pauci-symptomatique. Pour avoir une immunité stérilisante, un vaccin doit déclencher une réponse immunologique spécifique, généralement au moins sous la forme d'AC neutralisants (NAbs). Les vaccins actuels contre le Covid sont capables de réduire la sévérité des symptômes et le nombre de virus dans les voies respiratoires inférieures, malheureusement, en tout cas à long terme, on n'a pas d'immunité stérilisante au niveau des voies respiratoires supérieures, donc à l'endroit où on acquiert l'infection et où on la transmet à quelqu'un d'autre, d'où l'intérêt éventuel des vaccins par voie intranasale.""Actuellement, on dose des IgG anti-Spike (S), qui ne sont pas des anticorps neutralisants et ne reflètent donc pas grand-chose", répond Charlotte Martin. "Même s'il y a une certaine corrélation, tout à fait imparfaite, ils ne différencient pas une immunité post-infection naturelle d'une immunité post-vaccination. Ils n'investiguent pas l'immunité cellulaire et n'informent pas sur l'immunité stérilisante."Pour les personnes en bonne santé, il n'y a vraiment pas beaucoup de rôle pour la sérologie. Quant à savoir s'il y a un intérêt à doser les AC chez les personnes immunodéprimées, "ce serait éventuellement pour capter les gens qui n'ont pas du tout répondu à la vaccination (très immunodéprimés) et où il y a éventuellement un rôle pour des anticorps monoclonaux préventifs (à la place ou en plus des vaccins) pour éviter les formes sévères", résume-t-elle. Les données postvaccinales montrent que les capacités neutralisantes et l'efficacité vaccinale en 'vie réelle' diminuent fortement par rapport au variant Omicron BA5, même chez des personnes récemment infectées avec le premier variant Omicron BA1/2. "Le deuxième booster semble provoquer d'excellents taux d'anticorps neutralisants NAbs, même s'ils sont toujours moindres contre BA5, quel que soit l'âge, et il donne une bonne protection contre les hospitalisations, ce qui est très important."Ceux qui ont déjà fait la 4e dose avec le booster original Pfizer ou Moderna de base auraient-ils dû attendre les vaccins bivalents? "Probablement pas", estime la spécialiste: "Quand vous reboostez avec un vaccin contenant uniquement la souche originale ou avec un bivalent, vous boostez une immunité préexistante, essentiellement axée sur la souche originale. Les vaccins bivalents sont peut-être un peu meilleurs contre Omicron, ils vont peut-être élargir un peu la réponse immunitaire et, si on continue à s'éloigner de la souche originale, on sera peut-être protégé un peu plus longtemps... C'est encore en exploration. En tout cas, en terme de protection contre les infections sévères et même les infections symptomatiques, il n'y a que quelques pourcentages de différence."Tout booster est un bon booster: "C'est ça qu'il faut dire à nos patients", souligne-t-elle. "Il n'y a pas de données scientifiques probantes pour dire qu'il aurait fallu attendre les vaccins bivalents. Et les fragiles restent la priorité (personnes âgées, comorbidités, femmes enceintes, obèses...). C'est sur eux et les soignants qu'il faut axer la campagne de vaccination. L'important c'est de leur rendre leurs anticorps neutralisants pour qu'ils soient protégés d'attraper le Covid-19 mais aussi de le transmettre pendant au moins quelques semaines à quelques mois pendant l'hiver."Quand booster? Minimum 3-4 mois après le dernier booster. "Il n'est pas dangereux de booster avant, c'est juste peut-être un peu moins efficace. Si on a eu une infection omicron BA1/2 depuis le dernier booster, il n'y a pas de délai minimum."