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Atlas se veut un festival de théâtre politique, qui met en scène des partenaires et centres dramatiques de l'Europe entière autour de la thématique brûlante de l'immigration et de la cohabitation entre citoyens européens et nouveaux arrivants. Trois axes à cet événement : un programme théâtral fourni, des conférences et débats autour de la question, ainsi que des ateliers notamment de cuisine, de peinture ou de musique.Bien sûr, le théâtre y occupe une place centrale, avec notamment la production suédoise Hierarchy of Needs qui raconte l'histoire d'Adel Darwish, acteur à Alep, et de son arrivée en Suède il y a trois ans.Z'oiseaux est pour sa part un spectacle français destiné à tous à partir de six ans, et qui se veut une petite histoire des migrations. Se situant plus sur le plan de la danse et de l'installation, Nécropolis, proposé par le chorégraphe israélien devenu apatride Arkadi Zaides, constitue une sorte d'enquête factuelle et sans affect à propos des 35.000 " no names ", les migrants disparus en mer, visant à leur rendre leur identité. Le chef est chef même en caleçon est un seul en scène et le récit autobiographique de Dominique Bela, journaliste camerounais qui a dû fuir son pays, et s'est retrouvé en Belgique : avec humour, il décrit le décalage entre l'Europe des Droits de l'Homme et le sort infligé aux migrants au travers son cas personnel, tout en évoquant la colonisation et le pillage des ressources.Dystopie, Damascus 2045, est une production polonaise, pays connu pour sa grande intolérance vis-à-vis des migrants sauf lorsqu'il s'agit des siens, dans lequel le Syrien Omar Abusaada utilise cette fiction pour évoquer la question de la mémoire et de l'oubli, de l'écriture de l'histoire de la guerre et des récits des vainqueurs et des vaincus.Mêlant enfin images et scénographie, Mary Jiménez et Bénédicte Liénard évoquent les politiques migratoires, notamment européennes, et les rivages d'indifférence sur lesquels des êtres humains viennent s'échouer et mourir.Images encore et enfin, avec l'exposition de Giulio Piscitelli, photographe très engagé, qui, depuis quelques années, a concentré son travail sur la crise des migrants, personnes qu'ils photographient en préservant leur dignité, tout en ne négligeant pas de conférer à ses clichés le statut d'objet artistique.Avec Corps de textes du 24 au 30 mars, l'approche et la thématique sont toutes autres : il s'agit comme le nom l'indique de donner corps à des textes littéraires, au travers de déambulations et propositions dans divers lieux de la Cité ardente. Cette quatrième édition mettra l'accent sur la production québécoise, en se focalisant sur des écrivains connus comme Éric Plamondon, dont Bernard Yerlès lira des textes, et d'autres moins connus. Une balade pédestre en compagnie de Nicolas Marchal, auteur des Faux Simenon, se mettra dans les pas du grand Georges, balisés par les bibliothèques de survie imaginées par le plasticien canadien Charles Sagalane.Autre temps fort du festival, la venue de Marie N'Diaye, prix Goncourt, qui lira notamment des extraits de son roman à venir. Du théâtre aussi bien sûr, avec notamment Entrer dans la bataille, spectacle de Camille Pélicier sur sa " lutte " avec le Guerre et paix de Tolstoï ou encore, au travers d'un dialogue scénographié entre Primo Levi et Ferdinando Camon.De lecture musicale ( Blues pour trois tombes et un fantôme de Philippe Marczewski, lu par l'auteur et soutenu par Greg Houben et Quentin Liégeois) en lecture tout court (trois nouvelles d'Aline Dieudonné), le festival propose même une chorégraphie ( Clearing/Clairière) basée sur Orlando, roman de Virginia Woolf.Bref, un festival qui prend le texte à bras-le-corps !