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"Nous attendions 400 CEO, nous en avons accueilli près de 600, dont 70% sont venus de trente pays différents. Nous avons rencontré des délégations importantes venues de Chine, de Singapour... ", s'enthousiasme Paul d'Otreppe, président de l'Association belge des directeurs d'hôpitaux qui vient d'organiser le congrès européen en Belgique. " Ces rencontres ont été un vrai succès. Nous avons pu échanger des expertises avec des professionnels qui vivent dans d'autres réalités. Par exemple, le président de l'association hospitalière chinoise qui était présente au congrès fédère 29.000 CEO d'hôpitaux chinois ! "" Nous nous sommes rendu compte qu'en Belgique, nous sommes fort attachés au système beveridgien (logique assistancielle, ndlr) plutôt qu'au système bismarkien (logique assurantielle, ndlr). Nous sommes face à des changements de modèle (les réseaux) et de financement. Les plus futuristes évoquent la révolution digitale. Dans la pratique, nous sommes contents de notre modèle et nous ne voulons pas trop le changer. Les orateurs étrangers invités ont ouvert nos champs de vision. Le Dr Paul Stoffels, vice chairman & chief scientific officer de Johnson & Johnson, a souligné que l'important n'est pas de changer son fonctionnement pour rester dans le coup mais de se fixer un objectif à moyen terme et de déterminer les chantiers qui devront être réalisés pour arriver à implémenter l'innovation. En clair, il faut identifier les grandes pathologies qu'il faudra traiter dans les dix à quinze ans et mener les recherches pour y arriver. C'est également ce que les dirigeants des hôpitaux de Singapour nous ont dit : il faut partir de rien... d'une île de la taille d'un gros caillou qui n'a pas de ressources naturelles. La méthode proposée est de se fixer des objectifs concrets et de s'y tenir. De cette façon, ils ont développé une stratégie sur cinquante ans. "Paul d'Otreppe a également été impressionné par l'exposé d'Erik Van Den Eynden (ING Belgium) qui a prévenu que des entreprises étrangères, entre autres chinoises, pourraient à un moment vouloir investir beaucoup d'argent dans le secteur hospitalier belge. " Que fera-t-on à ce moment-là ? ", interroge le président de l'ABDH.Durant le congrès, les grands enjeux du secteur ont été identifiés par les participants. " En Belgique, il manque clairement une vision. Que sera l'hôpital dans dix ans ? Un centre de services ? L'organisation de notre système de soins fait que les différents acteurs qui siègent au Conseil général de l'Inami (syndicats, fédérations hospitalières, les mutuelles, autorités...) ne veulent rien perdre. Or, et c'est le message-clé des orateurs précités, il faut oser repenser la vision de l'hôpital du futur, sans considérations politiques, parce qu'il faudra faire face aux changements (vieillissement de la population, augmentation du coût des technologies...) qui vont nous impacter. En s'attachant à un objectif final, on peut apporter des innovations. Les guerres ont malheureusement souvent des grandes périodes propices à l'innovation parce que ce sont des moments de rupture et de reconstruction."Et Paul d'Otreppe de citer l'exemple des projets pilotes pour les réseaux hospitaliers. " Au final, en Wallonie, nous avons bien travaillé sur les réseaux loco-régionaux, mieux que la Flandre qui avait une longueur d'avance, en nous fixant des objectifs concrets. Le réseau en gestation entre le Groupe Jolimont, le CHU Tivoli et le CHU Ambroise Paré va bien plus loin que ce qui était demandé au départ. C'est une vraie révolution culturelle. Cette collaboration peut être une leçon. Lorsque les francophones adhèrent à une vision commune, ils peuvent travailler très vite. "