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Au musée du Botanique, elle présente une exposition qui a des airs d'énorme installation (nucléaire? ). Un événement qui fait sens le jour où l'on commémore les dix ans de l'accident de Fukushima... Mélange de techniques mixtes, incluant des dessins, photographies (de constructions de Lego imaginées par son petit-fils, et figées dans un noir irradié par la lumière), vidéos (du site d'enfouissement dans le désert de Chihuahua au Nouveau-Mexique notamment) et objets, l'exposition pose la question de l'enfouissement des déchets radioactifs à Dessel en Campine et à Mol, ou en France, notamment à Burre, dans le département de la Meuse. Cécile Massart imagine en céramique des tuyaux crevés sous l'effet de la chaleur radioactive, reprend un morceau du moulage des fûts en bétons sensés accueillir les déchets, ou présente une lithothèque, issue du centre de recherche Euridice, reprenant les carottages effectués dans les environs de Dessel pour en mesurer une possible radioactivité. Se faisant, dans une approche poétique, qui touche à la sidération muette devant la folie de l'homme, la plasticienne met en exergue l'arrogance de l'espèce humaine qui croit pouvoir enserrer de façon sécurisée une énergie irradiante pour les trois cents milles années à venir (on pourrait faire la même chose avec la dette publique résultant du Covid? ), imaginant au passage que les plaques sismiques ne se déplaceront pas, pas plus que les océans, et que l'humanité des temps futurs pourra encore lire les clés USB contenant les infos primordiales concernant ces puits d'enfouissement. Et alors que certains pays ferment ou envisagent de fermer leurs centrales, un consortium de pays travaille à Caradache dans les Alpes-de-Haute-Provence sur le projet pharaonique de l'Iter, immense centrale sans déchets. Et tandis que les gouvernants développent une communication qui se voudrait transparente sur le nucléaire, notamment au niveau de la très haute sécurité et des précautions extraordinaires prises en matière de déchets, c'est plutôt, selon Cécile Massart, la plus grande opacité qui règne, à voir les obstacles qu'elle a rencontrées pour se rendre sur site: on peut même également parler d'enfouissement, symbolisé dans l'exposition par un immense couvercle noir, symbole de cette transparence opaque: métaphore d'un soleil, autre source thermonucléaire, qui virerait... au trou noir.