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Vous souhaitez rendre votre pratique plus verte ou vous impliquer activement dans une démarche d'écoconception des soins de santé? Le nouveau Certificat inter-universités et haute école "Soins de santé durables: Agir pour transformer" s'adresse à vous. Il est organisé par la faculté de médecine et médecine dentaire de l'UCLouvain, en partenariat avec l'ULiège, l'UNamur, la haute école de Namur-Liège-Luxembourg (HénaLLux) et le CHU-UCL Namur. "Deux choses ont prévalu à la création de ce certificat", souligne sa coordinatrice, la Pre Anne Berquin. "D'abord, le besoin de partager une série d'informations sur cette question. Certains jeunes sont bien informés mais, à côté, une grande majorité de soignants connaissent peu les enjeux systémiques de la durabilité en santé. Et puis, à présent qu'on a les connaissances, il faut agir. Faire des séminaires pour informer c'est bien, mais ça doit déboucher sur des actions concrètes. D'où l'intérêt d'un certificat qui, outre des informations théoriques, essaie d'outiller les participants pour les aider à mettre en place des projets concrets dans leurs lieux de travail."Pendant l'année académique 2022-2023, Anne Berquin a en effet proposé une série de conférences "Teach the teacher: Défi écologique et soins de santé, comment préparer les futurs soignants?". L'idée de proposer une formation plus complète, soufflée par Pauline Modrie, conseillère en développement durable au CHU UCL Namur, s'inscrit dans la lignée de ce travail de défrichage. Le défi qui se pose aux acteurs des soins de santé est en effet de taille: réduire l'impact environnemental des soins, améliorer leur qualité et leur accessibilité, tout en s'adaptant aux changements de l'environnement et de notre société. "À toute personne qui s'intéresse à la question de la durabilité en santé. On aura probablement essentiellement des soignants mais on pourrait imaginer avoir un gestionnaire d'hôpital ou de l'Inami, des pharmaciens... Il faut avoir un diplôme de baccalauréat. Je pense cependant qu'il est préférable d'avoir un minimum d'expérience parce que, dans le cours à option que j'ai lancé cette année en médecine, je me rends compte que les étudiants en début de parcours ne repèrent pas nécessairement les enjeux prioritaires. Tant qu'ils n'ont pas fait de stages et sont allés à l'hôpital, ils ont une vision très abstraite de la pratique et des questions qui peuvent se poser autour des défis environnementaux", constate-t-elle. "Notre préoccupation est de garantir un public multidisciplinaire et varié, parce que nous voulons permettre un partage de connaissances interdisciplinaires, notamment avec la pharmacie, les sciences infirmières et de la motricité, le champ psycho-social... Et nous limitons le nombre de participants à 25 pour privilégier les interactions."Le programme est divisé en six modules. "Les deux premiers, qui auront lieu au premier trimestre (octobre- décembre), sont des modules d'introduction générale aux enjeux environnementaux et sociaux du changement climatique. Le premier va se baser notamment sur le Mooc de l'UCLouvain sur les questions de transition en général, le dérèglement climatique et les enjeux socio-économiques, de santé, architecturaux etc. Le deuxième donnera des informations sur l'impact environnemental des soins de santé et l'impact des changements environnementaux sur la santé: nouvelles maladies, précarisation de certaines ressources, pollutions médicamenteuses et chimiques...", détaille Anne Berquin. Ensuite, de janvier à juin, il y aura un module qui vise à donner des outils concrets pour mener un projet (gestion du changement, leadership...), un module sur l'écoconception des soins (donné par Pauline Modrie), un module sur l'éthique, l'économie et la législation. "Enfin, le dernier module est transversal, il s'agit d'un travail personnel où on demande aux participants, dès le début de la formation, de construire un projet. Il peut s'agir d'organiser des séminaires de sensibilisation dans leur hôpital, de mettre en place une green team... L'idée est qu'ils démarrent un projet que nous accompagnons via différents séminaires. Le point fort de cette formation, c'est d'accompagner le changement, en outillant les personnes et en leur proposant de mettre les choses en pratique dans un premier projet."Cette formation alterne une douzaine de journées en présentiel (à Louvain-la-Neuve les vendredis et samedis d'octobre 2024 à septembre 2025), quelques séminaires en ligne en soirée et des ateliers de travail sur le projet personnel encadrés par l'équipe enseignante. "Il faut absolument que le personnel de la santé prenne conscience des enjeux pour pouvoir mettre en place des actions", insiste Anne Berquin. "Les gens ont envie de bouger, il y a une demande: les professionnels de santé en première ligne peuvent déjà constater les effets du changement climatique en termes de santé physique et mentale. Cette formation propose de repenser les soins de santé pour répondre aux défis de la durabilité."Au terme du certificat, les participants seront en effet capables d'initier, d'implémenter et d'accompagner des démarches de transformation durable des soins de santé, d'analyser les sources d'information et acquérir de manière autonome les connaissances et l'expertise nécessaires à cette transformation et d'adopter et proposer à leur entourage une démarche réflexive et humaniste qui soutienne l'engagement. "Les professionnels de santé bénéficient d'un a priori positif dans le grand public, ce qui nous permet de faire passer des messages, notamment politiques. Cependant, il y a des décisions qui doivent être prises à l'échelle nationale. La première chose à faire pour que les soins de santé soient plus durables, c'est d'en avoir moins besoin et donc de faire de la prévention. Et la prévention, c'est d'abord les conditions de vie socio-économiques et environnementales: pollution, hygiène de vie, logement et emploi dignes, éducation, etc. Cela dépasse largement les compétences des soignants...", nuance-t-elle.