Les nominations controversées de Donald Trump, président élu, dans le secteur de la santé comportent de grands risques pour les patients américains ainsi que pour l'industrie pharmaceutique.
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Avant l'élection présidentielle américaine du 5 novembre, l'idée que Donald Trump puisse remporter la victoire face à Kamala Harris suscitait des craintes, mais l'espoir subsistait que certaines décisions ne seraient pas concrétisées. Notamment, bien que Trump ait encensé à plusieurs reprises Robert F. Kennedy Jr pendant la campagne, beaucoup espéraient qu'il ne le choisirait pas comme ministre de la Santé. Espoir vain: Kennedy fut l'une des premières nominations annoncées. Fils du frère assassiné de John F. Kennedy, Robert F. Kennedy Jr. a d'abord été un avocat écologiste passionné, mais il est désormais connu comme l'une des figures de proue du mouvement antivax. Bien avant la pandémie de covid-19, Kennedy se distinguait par ses positions anti-vaccins. En 2018, il a contribué à alimenter la méfiance envers le vaccin contre la rougeole à Samoa, après la mort de deux bébés suite à une vaccination. Cela a mené à une chute drastique des vaccinations, suivie l'année suivante par une épidémie de rougeole causant plus de 80 décès, principalement parmi les enfants. Pendant la pandémie de covid-19, Kennedy a propagé des théories complotistes, affirmant notamment que les vaccins provoquaient l'autisme et la transsexualité. Il a également promu des alternatives douteuses comme le lait cru ou l'ivermectine, bien que l'inefficacité de cette dernière contre le covid ait été rapidement démontrée. Il a accusé Anthony Fauci, conseiller sanitaire de la Maison Blanche, ainsi que Bill Gates et l'industrie pharmaceutique, de comploter pour imposer les vaccins. Kennedy, méfiant envers l'industrie pharmaceutique qu'il tient pour responsable de la crise sanitaire aux États-Unis, privilégie les médecines alternatives comme l'homéopathie. Si ses préférences influencent ses politiques, elles pourraient avoir des conséquences désastreuses pour la santé publique américaine. La nomination de Kennedy a immédiatement eu des répercussions en Bourse. Selon Danny Reweghs, directeur analyse et stratégie chez Inside Beleggen, "après la hausse des marchés le lendemain de l'élection de Trump, les actions des spécialistes des vaccins comme Moderna ont chuté de 5 à 10%". Les entreprises pharmaceutiques traditionnelles ont également vu leurs actions baisser, bien que dans une moindre mesure. Kennedy critique les performances des entreprises pharmaceutiques et estime que les prix des médicaments sont trop élevés, notamment à cause des nombreux échecs dans la recherche, dont les coûts sont répercutés sur les succès. Il reproche également à l'industrie un manque de transparence, qui, selon lui, incite les Américains à consommer trop de médicaments inutiles. L'avenir de la FDA (Food and Drug Administration) suscite aussi des inquiétudes. Kennedy considère l'agence comme un mastodonte inefficace avec trop d'employés et de budget. Il prône une réduction des ressources, ce qui pourrait allonger les délais d'approbation des nouveaux médicaments. Cela a déjà pesé sur des entreprises comme UCB et Argenx, dont les actions ont chuté de 5%, car elles dépendent de cette autorisation pour leurs produits en développement. Une telle situation pourrait poser problème pour les entreprises, américaines ou non, souhaitant lancer des produits sur ce marché essentiel. En revanche, les fournisseurs de technologies médicales et de médecines alternatives ont enregistré une légère hausse, espérant que Kennedy assouplisse les règles de la FDA, jugées trop rigides. "Pour le secteur traditionnel de la santé, Kennedy est le pire choix possible", conclut Danny Reweghs. "Pour l'instant, on observe une attitude d'attente, les acteurs surveillent les décisions concrètes que Kennedy prendra en tant que ministre de la Santé. Pas de panique, mais une inquiétude palpable."