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Malades chroniques, personnes âgées... De nombreuses personnes consomment plusieurs médicaments différents et il n'est pas toujours aisé de s'y retrouver. "Le patient, mais souvent aussi le médecin, n'a plus de vue d'ensemble", avance le cabinet du ministre de la Santé publique. Pour faire le point et éviter toute combinaison nocive, depuis le 1er avril, toute personne consommant au moins cinq médicaments peut consulter son pharmacien. Ce dernier pourra, après analyse, proposer un plan d'action au patient et à son médecin. "Le nombre de médicaments pourra éventuellement être réduit ou certains médicaments pourront être remplacés afin (d'en) améliorer l'efficacité ou de réduire les effets secondaires."Un budget de 2,91 millions d'euros a été prévu pour ce projet, afin de rémunérer les pharmaciens et pharmaciennes, qui toucheront 95 euros par plan d'action mis en oeuvre. Les patients et patientes n'auront rien à débourser. À noter que rien n'est prévu pour le médecin traitant. Cette nouvelle mesure poursuit un double objectif: s'assurer du bon usage des médicaments et faire baisser la consommation inappropriée de produits pharmaceutiques. Concrètement, le pharmacien de référence évalue l'usage des médicaments sur base de l'historique médicamenteux du patient et d'un 1er entretien ciblé avec lui. Après cet entretien, il analyse l'ensemble des données recueillies, identifie - à l'aide d'une méthode structurée - les problèmes (potentiels) liés aux médicaments, puis élabore un plan d'action. Ce plan, qui propose les interventions éventuellement nécessaires pour optimiser l'usage des médicaments, est transmis pour accord au médecin traitant (par téléphone ou mail) avant de pouvoir être partagé avec le patient lors d'un 2e entretien. Sur le fond, la revue de médication sous sa forme actuelle est "inacceptable" aux yeux de l'Absym, qui a essentiellement trois griefs: le médecin généraliste est insuffisamment pris en compte, il y a un risque d'atteinte à la relation médecin/patient et une potentielle responsabilité civile et pénale du médecin. "Si la revue de médication doit être maintenue, elle doit être revue et corrigée, en faisant en sorte que le patient ne soit pas au courant des propositions de modifications du schéma de médication proposées par le pharmacien qui n'ont pas été validées par le médecin et que la responsabilité du pharmacien soit également engagée", expliquent les Drs David Simon et Jos Vanhoof, administrateurs de l'Absym. Le GBO, quant à lui, souligne que si l'idée est bonne et avait été validée par les médecins, "la méthode est à revoir impérativement". Le syndicat déplore le rôle limité du médecin généraliste dans la revue de médication. "Le médecin n'est pas rémunéré et la concertation entre le pharmacien et le médecin généraliste est faite de manière plutôt informelle", souligne le Dr Marcel Bauval qui représente le GBO au Comité de l'assurance."Aucun dispositif n'a été pensé et mis en place pour faciliter cette concertation." Le médecin généraliste souligne également l'importance de prévoir l'évaluation de ce projet. Pour le reste, le GBO est globalement sur la même ligne que l'Absym. Les syndicats se rejoignent pour demander que seule la communication du résultat de la négociation soit faite au patient et que les responsabilités civiles et pénales de chacun soient déterminées, d'autant plus s'il y a désaccord entre le pharmacien et le MG. Le sujet devait être abordé lors de la médico-mut de ce lundi 17 avril, mais a été reporté à la prochaine séance.