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Une évidence transpire des images de terrasses pleines, aux tables chargées de boissons multicolores, à toutes ces tenue estivales retrouvées et aux files dans les agences de voyage: l'être humain a besoin de contacts sociaux autant que de pain, et nous n'apprécions rien tant que de bonnes nouvelles: des indicateurs de propagation de l'infection en baisse depuis plusieurs semaines, l'annonce de l'efficacité des mesures et des vaccins, les perspectives de retrouver la liberté de voyager et de se réunir. Vendredi passé, la violence et la soudaineté de l'orage qui a inondé nos caves, nos carrefours et de longues portions du Ring de Bruxelles nous a remis en mémoire le souvenir du début de l'épidémie. Le jour d'avant, une existence insouciante où tout roule, brutalement remplacée le jour d'après par une immobilisation complète et un silence impressionnant. Qu'avons-nous gardé de cette longue période, nous a-t-elle laissés inchangés? Sans y avoir été confrontés avec la même intensité que le personnel hospitalier des soins intensifs ou des salles covid de nos hôpitaux, nous aurons appris que notre maîtrise de l'avenir reste fragile et à être modestes. Rien dans nos projets de début 2020 ne comportait une case pandémie qui modifierait complètement notre pratique en quelques heures. Rien ne laissait non plus présager le sentiment d'impuissance ressenti lors des diverses phases, cette impression de bricoler et d'improviser au jour le jour ce que nous pensions être le plus adapté aux situations auxquelles nous nous trouvions confrontés. Cette incertitude nous restera, mais nous aura peut-être fait grandir.