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"Au cours des dix dernières années, nous avons clairement fait comprendre aux médecins et aux patients que la lutte contre l'obésité ne doit pas se concentrer exclusivement sur le poids corporel", rappelle le Pr Van der Schueren. "C'était justifié parce que la constitution corporelle d'une personne est différente de celle d'une autre, et que le poids n'est qu'un symptôme de la maladie que constitue l'obésité.Récemment, nous constatons à nouveau une focalisation accrue sur le poids parce que l'indication de l'utilisation de médicaments contre l'obésité a été formulée sur la base de l'IMC." Il est vrai que les patients atteints d'obésité sévère - et donc avec un IMC très élevé - présentent un risque accru de décès prématuré et doivent donc être traités énergiquement. Cela dit, il est quand même important d'examiner, par le biais d'une évaluation médicale approfondie, toute une série de facteurs qui, à côté du poids, sont déterminants pour l'obésité. Il s'agit aussi bien des répercussions physiques du poids corporel (hypertension, dyspnée, maux de dos, limitation de la mobilité, incapacité de travail) que des répercussions psychologiques et métaboliques, reflétées par les analyses de sang. "L'algorithme BASO (Belgian Association for the Study of Obesity) sert notamment à cela", poursuit Bart Van der Schueren. "Il donne un aperçu très large de toutes les données que l'on doit inclure dans l'évaluation." À l'aide de ces données, on peut calculer le score EOSS [2] et décider si le patient doit être traité par la première ou la deuxième ligne. Il peut aussi ressortir des données que le patient est obèse sans symptômes ni facteurs de risque (score EOSS 0). "Ce patient doit néanmoins recevoir des conseils sur le mode de vie, surtout s'il s'agit d'une personne jeune", nuance le Pr Van der Schueren. "Si quelqu'un a déjà un problème d'obésité à 20 ou 30 ans, il y a de fortes chances que cela ne fasse qu'empirer dans les décennies suivantes. C'est pourquoi le traitement vise au moins à stabiliser le poids." Les conseils sur le mode de vie sont une donnée essentielle. Bart Van der Schueren commente: "Les médicaments et la chirurgie bariatrique sont efficaces, mais il faut les considérer comme une aide pour les patients qui ont du mal à passer à des habitudes alimentaires adaptées. Pour l'adaptation des habitudes alimentaires, le patient doit recevoir des conseils spécialisés. Sinon, il court le risque de reprendre du poids après l'arrêt des médicaments ou quelque temps après la chirurgie bariatrique. L'un des facteurs de risque est que les personnes suivent un régime amaigrissant avec trop peu de protéines. Par conséquent, elles dégradent leurs muscles avec leur régime amaigrissant. Et dès qu'elles arrêtent le régime, elles reprennent du poids parce que la masse musculaire a diminué et les muscles brûlent beaucoup d'énergie. En outre, s'il s'avère que le patient ne peut pas maintenir son poids cible uniquement avec des habitudes alimentaires saines, alors, en tant que médecin, vous devez effectivement prescrire une médication à vie. C'est pourquoi, chez les jeunes, je préconise d'aller aussi loin que possible uniquement en travaillant sur le mode de vie." Et d'ajouter: "Inversement, il faut aussi être capable de présenter correctement l'application des médicaments ou de la chirurgie bariatrique. Certains patients considèrent la chirurgie bariatrique comme un échec - ils n'ont pas réussi à perdre suffisamment de poids sans chirurgie. Il faut leur faire comprendre que le recours à la chirurgie bariatrique ne signifie pas qu'ils ont échoué. Cela signifie que l'obésité chez eux est un problème si tenace qu'ils sont éligibles à la chirurgie bariatrique." Enfin, le Pr Van der Schueren souligne la nécessité de renforcer les capacités de la première ligne afin qu'un nombre croissant de patients obèses puissent y être accueillis, la décision finale étant de les y traiter ou de les référer à la deuxième ligne.