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Jean-Luc Piraux, comédien lunaire - entre Julos Beaucarne et Bernard Tirtiaux, connu pour ses envolées humoristiques et poétiques en solo ( Six pieds sur terre) ou ses participations à des projets déjantés ( Le salon d'Achille de Charlie Degotte à propos d'Achille Chavez) préparait son nouveau spectacle en cette fin novembre 2018: à trois jours de la première, le voilà qui plonge soudain par le trou du souffleur dans l'abîme - le trou noir cette fois - du burn-out. Pris d'envie suicidaire, l'acteur n'hésite pas: il se fait interné, autre forme de confinement, afin d'auprès des psychiatres, médecins et d'autres patients, les naufragés de l'amour, les appelle-t-il joliment, de tenter de retrouver le fil, ce qui l'amène par la suite à retricoter son spectacle... l'humour et la poésie personnifiant la pudeur à tour de rôle comme il l'explique. Ce qui nous change du rire comme politesse du désespoir. " Y a pas d'avance à s'plaindre!" entonne dans Rage dedans ce Condruzien bon teint qui décrit avec tendresse et une mélancolie constante au fond de ses yeux plein de bleus, sa rencontre en institut avec les autres (im)patients de la vie. Et ce grand admirateur de Chaplin, Tati et de Keaton se révèle pourtant "absurdement" loquace en tombant le masque de clown pour ensuite revenir au sujet initial de son spectacle, avant que sa lumière intérieure ne s'éteigne: dans ce seul en scène qui tourne d'abord désormais autour de la reconstruction de soi, et en effet totalement reconstruit, cet ancien logopède utilise comme toujours les maux et donc les mots pour explorer également l'usure du temps sur l'amour notamment, la fidélité, le couple, " je t'aime pour toujours, mais pas tous les jours", la place d'Ikea dans les listes de... divorce. À partir de la sienne, Jean-Luc Piraux ausculte la tragicomédie de nos existences au travers de ces spectacles ( Faut y aller! , En toute inquiétude) et le fait avec soin, histoire de se soigner. Bref, même s'il joue au Poche, le théâtre de la vie...