Il a fallu tout le monde sur le pont pendant l'année et demie écoulée pour gérer la crise du Covid-19. Cela a laissé peu de temps pour les grands projets qui ont été lancés au sein de l'Inami et du SPF tels que la réforme de la nomenclature, le financement des hôpitaux et la poursuite du développement des réseaux hospitaliers.
...
Les premiers pas d'une prise en charge efficace et transversale avec un budget pluriannuel constituent une énorme révolution dans le système d'organisation et de financement existant. En effet, les différents secteurs (par exemple, les médecins ou les dentistes) sont désormais financés séparément et l'utilisation des budgets est négociée par secteur (pour les médecins, cela se fait au sein de la Médicomut. Avec le passage aux soins transversaux, le modèle dit en silo fait place à un modèle intégré dans lequel les budgets sont désormais répartis entre les différents prestataires de soins (c'est-à-dire des négociations entre médecins, dentistes, physiothérapeutes, etc.) En soi, il est très attrayant. Après tout, que pouvez-vous avoir contre un modèle intégré dans lequel le patient est placé au centre et où tous les prestataires de soins s'alignent dans des parcours de soins autour de ce patient? Une approche holistique, donc, avec un financement holistique. Ça sonne bien. Après de nombreuses notes et des textes le plus souvent vagues, le budget 2022 a été présenté la semaine dernière. Il s'est avéré que la norme de croissance de 2,5% en sus de l'indice est entièrement dévolu aux objectifs transversaux en matière de soins et de santé. Lorsque nous avons examiné les détails de ces objectifs, il s'est avéré qu'ils étaient vagues, non budgétisés et, pour certains, même pas correctement validés. Ainsi, alors que les besoins des médecins sont nombreux - comme la revalorisation des consultations ou des ressources supplémentaires pour gardes de semaine - pour ces négociations, seul l'indice est disponible, alors que pour les vagues projets transversaux, toute notre marge budgétaire est utilisée. Et c'est en partie sous la pression de certains de nos collègues à la table des négociations. Le "spectacle des bonnes nouvelles" qui entoure cette histoire transversale (qui est d'ailleurs inscrite dans l'accord) et l'énorme délai, nous mettent le dos au mur. Après tout, en tant que médecins, nous sommes poussés vers un système de soins transversaux sous couvert de qualité, mais nous risquons de nous enliser dans un enchevêtrement de réunions et de comités sans avoir une vision claire de l'efficacité des soins et des dépenses associées. Vous pouvez critiquer le modèle de consultation entre les médecins et les mutuelles, mais il garantit depuis des années des accords tarifaires qui maintiennent le taux de conventionnement des médecins à un niveau élevé et la sécurité tarifaire des patients à un niveau fiable. Si le gouvernement pense pouvoir éroder tranquillement ce modèle de consultation en le diluant dans un système de soins transversaux, alors il ferait mieux de bien réfléchir et de continuer à impliquer les médecins comme interlocuteurs à part entière. Nous sommes favorables aux réformes, mais uniquement à celles qui sont bien élaborées et budgétisées et qui entraînent une réelle amélioration de l'efficacité et de la qualité pour le patient. Pas de réformes vagues qui ouvrent principalement la porte à la bureaucratie, au financement forfaitaire, à la perte d'autonomie et à la mise à l'écart silencieuse des médecins en tant que partenaires de discussion à part entière. Car alors, en tant que gouvernement, vous risquez de ne donner qu'un énorme coup de pouce à la fuite des hôpitaux vers les cabinets privés à prix librement fixés. En tant qu'association de médecins constructive, nous avons voté en faveur du projet de budget, sachant pertinemment qu'il ne nous laisserait pratiquement aucune marge budgétaire pour l'accord tarifaire à venir. Parce que les réformes sont nécessaires et nous voulons donner au gouvernement une chance de les mettre en oeuvre en consultation avec les médecins. Mais c'est avec le bénéfice du doute. C'est au gouvernement qu'il revient d'ôter notre doute et notre scepticisme au cours de l'année à venir. Parce que la confiance "vient à pied et part à cheval". Et après la dernière année et demie, notre confiance et notre patience ont été testées plus que jamais. C'est au gouvernement de montrer que nous devrions à nouveau voter en sa faveur l'année prochaine.