Le Conseil supérieur de la Santé (CSS) a réuni une vingtaine d'experts pour formuler des recommandations aux autorités en matière de vaccination des moins de 65 ans (phase 1b). Le rapport1 qui en émerge propose en outre un outil de prise en charge à l'attention des médecins.
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Le rapport est difficile d'accès et manque de clarté. Tout comme la situation actuelle. Les priorités du CSS sont d'ailleurs dites "accordéons" car elles peuvent se comprimer ou s'étendre selon les stocks de vaccins à disposition. Une situation complexe à prévoir. Pour preuve, le timing: les autorités tablent sur une vaccination "au plus tôt dans la deuxième quinzaine de mars des patients de moins de 65 ans qui appartiennent à un groupe à risque". Il n'empêche que le CSS donne un outil aux médecins avec des définitions et critères médicaux précis pour caractériser au mieux les différents groupes cibles, en lien avec les codes ICPC-2 ( International Classification of Primary Care, Second edition) de la nomenclature officielle de l'OMS. "À notre connaissance, ce sont les seules recommandations scientifiques officielles au niveau européen qui prennent en compte cet aspect pratique", se targue le Conseil. Cette catégorisation est connue et utilisée dans le DMG. "Elle aidera les soignants à jouer pleinement leur rôle pour répondre aux questions légitimes de leurs patients et participer activement à la campagne de vaccination belge via l'évaluation individuelle de chaque situation clinique."On notera par ailleurs l'importance de ce DMG pour la vaccination. C'est grâce à lui, et avec l'aide des mutualités, que les généralistes se chargeront de répertorier les noms des quelque 1,5 million de Belges qui correspondent aux profils dressés par le CSS. Il faudra cependant rester attentif aux patients sans DMG qui n'ont pas de généraliste attitré. Venons-en aux recommandations. Le CSS se base tant sur les données belges que sur les données internationales pour dresser une liste de patients à risques très complète (voir liste des critères). Trois groupes de patients à priorité très élevées (1A) sont répertoriés. Concernant l'hypertension, l'immunodéficience et les maladies rares, le CSS souligne qu'au niveau international, "les données sont moins univoques que pour les autres groupes et parfois plus nuancées avec un certain degré d'incertitude. Malgré tout, les experts belges du groupe de travail ont décidé de maintenir ce niveau élevé de priorité."Le Conseil supérieur de la Santé estime que hormis les exceptions liées aux priorités 1, "les personnes âgées de 18 à 44 ans présentant une comorbidité ne sont généralement pas plus exposées au risque d'admission aux soins intensifs ou de décès que les personnes âgées de 45 à 65 ans sans comorbidité."Le CSS propose ensuite une classification éthique et sociale de prise en charge de certains publics (troubles mentaux sévères, déficience intellectuelle grave et profonde et populations vulnérables avec un accès limité aux soins de santé). Il souligne toutefois qu' "il appartient aux autorités politiques de définir le cadre et les niveaux de priorités pour ces groupes car cela ne relève plus d'une compétence purement scientifique et médicale mais bien d'un débat sociétal plus large". Le Conseil reste d'avis que les priorités de type éthique devraient commencer avant la vaccination des fonctions "dites" essentielles. Enfin, certaines situations nécessiteront une évaluation au cas par cas. C'est notamment le cas des femmes enceintes, cas sur lequel le CSS s'était déjà positionné fin janvier (lire ici). Impossible à synthétiser sans faire de raccourcis hasardeux, les recommandations du CSS sont qualifiées comme étant un "accordéon de priorités" pour un cadre opérationnel non figé. Il faut comprendre par-là que le CSS propose aux autorités compétentes un panel d'options repris dans le rapport CSS-9618. On retiendra le principe "qu'il vaut mieux vacciner en priorité un patient qui ne correspond pas aux critères de priorité proposés plutôt que d'omettre un patient prioritaire". Concernant le cadre opérationnel non figé, le CSS explique que "les niveaux de priorités et les exemples de pathologies ne doivent pas être considérés comme des recommandations strictes et figées dans le temps. Ces dernières évolueront en fonction des données disponibles et des différents types de vaccins que la Belgique possède ou va recevoir. Une certaine flexibilité est nécessaire et des modifications peuvent s'opérer au niveau de la Taskforce "Opérationnalisation de la stratégie de vaccination Covid-19" pour rendre le processus le plus fluide et le plus efficace possible."