Ce 17 septembre, c'était la Journée mondiale de la sécurité des patients. La question du diagnostic correct est cruciale en la matière. Quatre programmes belges sont menés dans les hôpitaux pour y contribuer, en maternité, radiologie, gynéco-obstétrie et en pharmacie d'hôpital.
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Mais pourquoi donc une Journée mondiale de la sécurité des patients? L'OMS, à l'initiative, entend-elle par là que les 364 autres jours de l'année, la sécurité des patients n'est pas une priorité pour les soignants? La réponse est évidemment non. Chaque année, la Journée mondiale de la sécurité des patient est une occasion de mettre en avant une thématique en particulier. Cette année, elle a pour thème "Améliorer le diagnostic pour garantir la sécurité des patients" et comme slogan "Poser un diagnostic correct, c'est une question de sécurité". "Le diagnostic est établi à l'issue d'une procédure complexe, parfois longue, qui associe le patient et l'équipe soignante et inclut entretien avec le patient, examen physique, tests de diagnostic et revue des résultats pour parvenir au diagnostic définitif et au traitement", explique l'OMS. "Des erreurs peuvent survenir à n'importe quelle étape et avoir d'importantes conséquences. Un diagnostic tardif ou incorrect, ou l'absence de diagnostic, peuvent prolonger la maladie et parfois entraîner un handicap, voire le décès."En Belgique, c'est le SPF Santé publique qui coordonne la politique de sécurité et de qualité dans les soins. Quatre programmes, déjà sur les rails, contribuent à un diagnostic précis et opportun. Notre trajet démarre, fatalement, au service de maternité. Au niveau mondial, une femme décède toutes les deux minutes des suites de complications survenues pendant la grossesse ou l'accouchement. En Belgique, la mortalité maternelle est un événement rare dont on peut tirer beaucoup d'enseignements. Le diagnostic et l'évaluation corrects de complications potentiellement mortelles requièrent de l'expérience. Une bonne collaboration au sein d'une équipe multidisciplinaire qualifiée est essentielle pour une prise de décision et une action rapides. Le projet Bamm du SPF analyse tous les décès de femmes enceintes ou venant d'accoucher en Belgique. Grâce à une analyse détaillée, le Bamm recherche les lacunes sous-jacentes dans la chaîne de soins qui peuvent avoir contribué à cette situation et formule des recommandations pour améliorer la qualité des soins. Le Bamm est synonyme de confidentialité, de communication ouverte, d'attention portée au prestataire de soins, victime collatérale de la mortalité maternelle, d'apprendre ensemble à partir de cas rares et de recommandations au niveau local et national. Depuis 2021, 43 décès maternels ont ainsi été analysés. Une ligne du temps des étapes à mettre en place en situation de décès maternel est consultable sur le site du Système belge de surveillance obstétrique (B-OSS)[1]. Maintenant, prenons la route 255 vers le service de radiologie. Bien que très précieux pour la pose de diagnostics et le suivi des patients, l'utilité des examens radiologiques n'est toutefois avérée que lorsqu'ils sont indiqués et que les informations attendues d'eux prévalent contre leurs inconvénients, tels que le risque de radiation. Or, ces examens sont encore trop souvent demandés et réalisés alors qu'ils ne sont pas nécessaires. Il en résulte une charge de radiation inutile, des doubles examens, des coûts et une perte de temps. Ces dernières années, la Plateforme belge d'imagerie médicale (Belmip) a encouragé l'utilisation de recommandations fondées sur des données probantes (evidence based guidelines) pour l'imagerie médicale. Ces guidelines ont pour objectif d'aider les médecins à décider si une imagerie médicale est indiquée et, dans l'affirmative, quel examen est le plus approprié. Retour en gynéco-obstétrie. La carence en fer est très courante pendant la grossesse et peut nuire à la fois à la mère et à l'enfant. Le dépistage de l'anémie peut ne pas suffire, car de nombreux cas de carences en fer passent inaperçus si seul le taux d'hémoglobine est testé. La ferritine est le marqueur clé. Un taux inférieur à 30 µg/L est un indicateur avec une sensibilité plus élevée pour détecter une carence en fer qu'un taux < 15 µg/L. Si la ferritine est entre 30-100 µg/L, vérifiez le TSAT. Si le TSAT est inférieur à 20%, traitez également pour carence en fer. Pour en savoir plus, un webinaire de BeQuinT expliquant comment protéger vos patientes enceintes avec un dépistage complet est disponible sur le site du SPF[2]. Un diagnostic précis permet d'identifier le bon agent pathogène et d'orienter le traitement approprié, ce qui réduit l'utilisation abusive des antibiotiques. Le Diagnostic stewardship consiste à administrer le bon test, au bon patient, au bon moment, incite à prendre les mesures qui s'imposent. En évitant les prescriptions inutiles ou incorrectes, le Diagnostic Stewardship limite la surconsommation d'antimicrobiens, qui est l'un des principaux facteurs de la résistance aux antimicrobiens. En veillant à ce que les patients reçoivent le bon traitement, on empêche non seulement le développement d'infections résistantes, mais on améliore aussi les résultats cliniques, ce qui renforce la sécurité générale des patients. Les infections urinaires fournissent un exemple concret de Diagnostic Stewardship. Elles sont souvent mal diagnostiquées, notamment dans les collectivités résidentielles, ce qui entraîne une utilisation injustifiée d'antibiotiques, favorisant le développement de la résistance aux antimicrobiens et exposant les patients à des effets secondaires potentiellement évitables. Certains signes, tels qu'un changement de couleur ou d'odeur de l'urine, sont souvent interprétés à tort comme des symptômes d'infection urinaire, ce qui conduit à un excès d'analyses d'urines et au traitement inapproprié de bactériuries asymptomatiques qui ne nécessitent pas d'antibiotiques. Dans le cadre d'une collaboration entre Bapcoc, les Hospital Outbreak Support Teams (Host) et les agences régionales, des initiatives sont menées pour mieux sensibiliser les professionnels de santé ainsi que les patients à cette problématique.