Une belle initiative du Service des urgences des Cliniques Saint-Luc a pris forme pour la première fois les 10 et 11 février derniers: "Back to Med School", associant les trois facultés francophones, s'est donné pour mission de faire retourner des généralistes et des spécialistes sur les bancs de l'école, histoire de "revoir leurs bases sur une thématique donnée" - la cardiologie cette année. Entretien avec les Dr Florence Dupriez et Félix Gendebien, les dynamiques initiateurs.
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Le nombre de participants avait beau être limité par les mesures liées à la pandémie, le congrès Back to Med School n'en a pas moins fait le plein, rassemblant un peu plus de 150 médecins autour de 18 orateurs et laissant de potentiels inscrits sur la touche. Pour une première, c'est donc une réussite, confortant les organisateurs dans la poursuite annuelle de leur concept. " L'idée de base", explique le Dr Florence Dupriez, " c' est qu'au bout d'environ dix années d'expérience clinique nous sommes nombreux à avoir très envie de retrouver des notions fondamentales d'anatomie et de physiopathologie pour les comprendre avec tout notre bagage clinique." Il s'agit donc, en deux journées, de (re)traverser la formation universitaire de base avec une nouvelle vision tout en se basant sur des éléments cliniques clairs pour la pratique quotidienne. La première journée mettait surtout à l'honneur des notions d'anatomie cardiaque, d'électrocardiographie (avec le Dr Pierre Taboulet, de l'Hôpital Saint-Louis à Paris, au travers d'un quizz ECG très apprécié) et de la syncope d'origine cardiaque par exemple, tandis que la seconde traitait de pathologies spécifiques comme l'embolie pulmonaire, le syndrome coronarien aigu, l'infarctus du myocarde ou encore l'OAP. Ces remises à niveau débouchaient sur les recommandations actuelles, pour mieux comprendre la prise en charge adéquate de ces affections. " Un questionnaire d'évaluation a été proposé aux participants, et le retour était extrêmement positif", se réjouissent les deux urgentistes . "La moitié des participants ont répondu, et la quasi-totalité d'entre eux ont attribué une cote comprise entre 7 et 10/10, tant pour le programme scientifique que pour les aspects organisationnels. Nous allons donc renouveler l'expérience l'année prochaine, cette fois dans le domaine de la neurologie. " D'après les organisateurs, c'est bien avant tout le retour aux notions physiologiques de base qui a le plus séduit les participants. Il est vrai que la médecine est un domaine (de plus en plus) vaste, et que la simple observation de la pile de syllabi qu'il a fallu ingurgiter au cours des six ou sept années de cursus de base a de quoi rendre indulgent sur nos capacités mémorielles. " La majorité des participants ont certainement suivi des congrès et autres webinaires", affirme Florence Dupriez, " et tous les éléments évoqués n'étaient pas nécessairement nouveaux pour eux, mais le retour aux sources leur a vraiment permis d'analyser et de comprendre différemment les recommandations. Il ne s'agit donc plus d'appliquer ces recommandations comme des recettes de cuisine, mais en en comprenant le sens pour le faire mieux. J'ai moi-même appris pas mal de choses au cours de ce congrès. " L'embolie pulmonaire est un sujet qui a été particulièrement bien suivi, la professeure Andrea Penaloza (UCL) ayant mis en évidence les questionnements actuels et passé en revue la littérature actuelle. Sa prise en charge a beaucoup changé au cours des dernières années, avec l'aide de l'évolution pharmacologique et l'avènement de nouveaux scores (tel le 4-peps) "qui permettent de renvoyer plus rapidement le patient à la maison." Tout était-il donc simple, dans ce congrès? Pas exactement, d'après Florence Dupriez: " La difficulté consistait, en quelque sorte, à concilier des médecins de différents horizons. On a ainsi évoqué la cardiologie pour les non cardiologues mais, justement, tous les non cardiologues n'ont pas nécessairement envie d'apprendre les mêmes choses dans ce domaine. Comme les organisateurs étaient tous des urgentistes, l'orientation était assez clairement dirigée vers la prise en charge en aigu. L'an prochain, nous veillerons à diversifier le propos, vers les pathologies chroniques en neurologie."Un des points remarquables de cette organisation est son caractère inter- universitaire. Une volonté dont l'intérêt dépasse largement le niveau du souhait de pluralité, comme l'ont démontré incidemment des petites différences dans la pratique quotidienne. Ainsi, explique Florence Dupriez, " on n'apprend pas nécessairement les mêmes subtilités sémiologiques quand on a été formé à l'UCL, à l'ULB ou à l'ULg." Il ne s'agissait certes que de relatifs détails, sans contradiction mutuelle, et qui reflètent probablement les personnalités des différents enseignants. Mais ce point mérite d'être relevé à une époque où l'uniformisation complète des démarches diagnostiques et thérapeutiques pourrait sembler automatique et acquise.