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Après l'Epi, présenté en octobre dernier1voici la nouvelle pyramide alimentaire. " Ce n'est pas une révolution, mais une évolution ", notent ses concepteurs, Food in Action et le département diététique de l'Institut Paul Lambin-Haute école Léonard de Vinci." C'était devenu nécessaire ", ajoute Nicolas Guggenbühl, " l'une de ses chevilles ouvrières (Food in Action, HE Vinci). Depuis 2011, date de la pyramide précédente, il y a eu pas mal d'évolution dans les connaissances en nutrition, notamment les relations aliments et santé. Les dernières recommandations du Conseil supérieur de la santé (CSS) d'octobre 2019 les reprennent, on voulait que les messages donnés dans la pyramide soient alignés sur elles et sur l'Epi. "Petite nouveauté, cette pyramide 2020 intègre désormais les aspects durables : " Cela fait partie des objectifs de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture) qui demande à tous les pays d'intégrer la dimension durable dans les recommandations nutritionnelles. Ce qui n'était pas le cas il y a dix ans. C'est aussi une manière de montrer que les choses évoluent et que même si la vocation première d'une pyramide est d'ordre nutritionnel, d'autres dimensions sont prises en compte. "Cette pyramide est utilisée dans les tables Nubel et dans les documents de référence en français. " Du côté néerlandophone, la pyramide, revue l'année dernière, est renversée parce qu'ils pensent que certains interprètent mal le message. Nous ne partageons pas cette vision. Chez nous, on parle d'équilibre alimentaire, l'édifice doit donc être stable et, si on bouscule les briques, il est fragilisé. Mais, pour que les choses soient plus claires, notre pyramide est 'décapitée' et on a renommé la tête 'éléments non-indispensables' parce qu'elle rassemble les produits gras, sucrés et/ou salés, les boissons sucrées et/ou alcoolisées et les viandes transformées. L'EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) exige que ces recommandations soient scientifiquement valables mais aussi qu'elles soient adaptées en fonction de la culture ", précise-t-il.La pyramide alimentaire qui reflète l'ensemble d'une alimentation équilibrée est un outil complémentaire à l'épi qui se limite à cerner cinq priorités alimentaires (céréales complètes, fruits et légumes, légumineuses, fruits à coque, moins de sel). " On signale par exemple les alternatives végétales riches en calcium qui se retrouvent dans la famille des produits laitiers parce qu'elles existent et sont consommées, tout en donnant les recommandations du CSS : 250-500 g de lait ou équivalent laitier par jour. "Dans la pyramide précédente, les fruits à coque et les graines étaient assimilés à des matières grasses ajoutées. Aujourd'hui, il s'agit d'une famille à part entière. " Cela reflète l'acquisition de connaissances sur les effets bénéfiques de leur consommation sur la santé. Ils ne peuvent donc pas être remplacés par d'autres matières grasses : l'huile d'olive c'est très bon, mais cela ne remplace pas les noix ou les amandes, par exemple ! Ceci apparaissait déjà dans l'Epi qui recommande d'en manger 15 à 25g/jour, il fallait donc que la pyramide le mentionne aussi ", explique Nicolas Guggenbühl.Pour les viandes, volailles, poissons, oeufs, légumineuses, alternatives végétales (VVPOLAV), la part des viandes a été réduite (max 300g/semaine) et la visibilité des légumineuses augmentée (min 1 fois/semaine) : " Globalement, le but est de montrer des sources de protéines végétales plus diversifiées et de faire plus ressortir les légumineuses. Dans les féculents, on a supprimé tout ce qui était raffiné. Cela ne veut pas dire qu'on ne peut plus manger un croissant, mais on met l'accent sur l'objectif de minimum 125 g de produits céréaliers complets par jour. Une fois cet objectif atteint, si on veut manger du pain blanc, ce n'est pas un problème. "Les portions de fruits et légumes ont fait place aux grammes : minimum 300g/j de légumes et 200g/j de fruits. " Pour le choix des photos, c'est dans la famille des fruits et légumes qu'il y a eu le plus de changements pour introduire la notion de durabilité et de circuit local, sans être extrémiste : on a supprimé l'avocat et la banane, mais on a gardé l'orange parce qu'on ne peut pas manger uniquement local. De même pour les boissons, il n'y a plus de bouteilles en plastique mais une gourde, on a retiré le plastique partout ", fait-il observer.A qui s'adresse la pyramide ? " Idéalement, c'est un support visuel pour que les professionnels de la santé puissent aborder le sujet d'une alimentation équilibrée avec leurs patients. Mais on sait qu'elle est aussi utilisée par le grand public ou d'autres professions. Elle n'est pas conçue spécifiquement pour les enfants, même si, dans les grandes lignes, à part l'aspect quantitatif, elle peut être utilisée pour eux. Par exemple, on ne parle pas de produits laitiers maigres (contrairement aux États-Unis). Il y a plus de 10 ans, dans les recommandations, le premier choix était toujours les produits laitiers maigres, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui ", souligne Nicolas Guggenbühl.Enfin, la base de la pyramide est toujours soutenue par l'indispensable activité physique au quotidien, mêlant aussi bien la marche que le sport plus soutenu. Cet outil est téléchargeable sur le site www.foodinaction.com/pyramide-alimentaire et il peut être utilisé librement.