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À l'heure actuelle, l'IA n'inspire pas forcément confiance au public et aux praticiens. Pourtant, elle est essentielle pour développer de nouvelles applications médicales et pour aider les médecins à diagnostiquer les maladies et à mieux suivre leurs patients à distance. Y compris en psychiatrie, un domaine pour lequel il n'existe pas encore de test biologique objectif, ce qui rend d'autant plus complexe la tâche des professionnels.Convaincu du potentiel de l'IA en santé mentale, le Dr Peter Foltz, professeur à l'Institut des sciences cognitives de l'Université du Colorado, à Boulder, considère que la détection, l'évaluation et le suivi des patients psychiatriques nécessite le développement de nouveaux outils peu coûteux et simples à utiliser. Un grand nombre de ces patients n'ont en effet pas forcément accès à des services spécialisés avec psychiatres et psychologues. D'autres ne consultent pas faute de moyens ou parce qu'ils n'en ont ni le temps, ni la motivation.Avec des collègues, le Dr Foltz s'emploie dès lors à appliquer l'apprentissage automatique à la psychiatrie, avec une application mobile basée sur la parole qui permet de classer l'état de santé mentale d'un patient aussi bien ou mieux que le ferait un être humain sachant que les spécialistes peuvent parfois être distraits et passer à côté de signaux subtils.Concrètement, la nouvelle application demande aux patients de répondre à une série de questions de cinq à dix minutes en discutant avec leur mobile. Ils sont interrogés sur leur état émotionnel, sont invités à raconter une histoire courte, à écouter une histoire et à la répéter, puis à passer une série de tests de la motricité.Un système d'IA évalue les " bribes " de parole d'un patient, les compare à ses échantillons précédents et ceux de la population en général, et est ainsi capable d'évaluer son état mental et, en cas de détection d'un changement préoccupant, d'alerter le médecin traitant.Selon les chercheurs, la parole livre des indices sur les états mentaux du patient. Par exemple, les phrases qui ne suivent pas un schéma logique peuvent être un symptôme critique de la schizophrénie. Des changements de ton ou de rythme peuvent laisser entrevoir un trouble maniaco-dépressif. Et la perte de mémoire peut être un signe de problèmes à la fois cognitifs et de santé mentale.Dans une étude récente, l'équipe de Boulder a demandé à des psychiatres d'écouter et d'évaluer les échantillons de parole de 225 participants, la moitié souffrant de problèmes psychiatriques graves, l'autre étant des volontaires sains. Ils ont ensuite comparé leurs diagnostics à ceux du système d'apprentissage automatique et ils ont constaté que les modèles d'IA pouvaient être " au moins aussi précis ". Reste à mener des études plus larges pour valider le système...