La ménopause est une étape physiologique importante de la vie d'une femme et correspond à l'arrêt définitif de la fonction ovarienne. La carence oestrogénique engendrée par l'arrêt de la fonction des ovaires peut provoquer des troubles sexuels comme la sécheresse vaginale, une diminution de la libido et l'apparition d'une dyspareunie. Or, plusieurs études démontrent que les femmes souhaiteraient que le médecin aborde le sujet en consultation. Cette étude rétrospective a donc pour objectif de vérifier si les médecins de première ligne dépistent systématiquement les troubles sexuels et nous avons voulu évaluer la prise en charge proposée.
Méthodes
Cette étude rétrospective est basée sur l'analyse de 95 dossiers médicaux de patientes ayant consulté le planning familial de Rochefort entre janvier 2018 et janvier 2021. Les données collectées sont l'âge lors de la dernière consultation, la présence d'un partenaire, la profession, la pratique d'une activité physique, l'indice de masse corporel, les pathologies chroniques, les traitements chroniques, la gestité et parité, l'âge lors de la ménopause, l'utilisation d'un traitement hormonal substitutif (THS) et sa durée d'utilisation, l'abord de la sexualité en consultation, la pratique d'une activité sexuelle, la présence de trouble sexuel avant et après la ménopause, lequel/lesquels (diminution libido - sécheresse vaginale - dyspareunie), traitement du trouble sexuel et si oui lequel. Nous avons également recensé si le suivi au planning s'est fait avec un seul médecin ou plusieurs, l'année et le motif de la première consultation et enfin combien de consultations ont eu lieu depuis le diagnostic de ménopause.
Résultats
L'âge moyen des patientes lors de leur ménopause était similaire à celui retrouvé dans la littérature. Deux tiers des patientes étaient atteintes de pathologies chroniques. Une étude brésilienne a démontré l'influence des pathologies chroniques et de leurs traitements sur la fonction sexuelle des femmes ménopausées. Les maladies recensées dans ce travail étaient similaires à celles incriminées par d'autres études dans la littérature. De par le petit échantillon, nous n'avons pu mettre en évidence un lien entre ces pathologies et leurs traitements avec la survenue de troubles sexuels.
La sexualité a été abordée en consultation dans 62,11% des cas alors qu'une étude réalisée aux États-Unis démontre que 50% des femmes atteintes d'atrophie vulvo-vaginale n'en avait jamais discuté avec un médecin. Cette étude révèle également que le sujet est initié par le médecin que dans 13% des cas. Une meilleure sensibilisation du corps médical à ces troubles et au fait que les patientes souhaiteraient en discuter permettrait d'améliorer le dépistage systématique.
20 patientes ont rapporté des plaintes sexuelles depuis leur ménopause. La dyspareunie est la plainte la plus souvent rapportée (60%) suivie de la sécheresse vaginale (45%) et de l'altération de la libido (25%). Dans une enquête européenne, il a été démontré que 19% des femmes étudiées présentant une altération de la libido y avait vu un effet positif sur leur quotidien, renforçant l'idée d'un abord de la santé sexuelle adapté à l'individu. Les patientes qui souffrent d'une diminution de la libido ont été ménopausées plus jeunes, évoquant que les troubles sexuels s'aggravent avec les années.
65% des patientes ont été traitées et c'est le traitement hormonal qui était le plus fréquemment proposé. Nous avons pu démontrer que les patientes sous THS avaient une meilleure activité sexuelle (p = 0,007). La durée moyenne d'utilisation du THS était de huit ans (24 ans pour la durée la plus longue recensée). Pourtant, la littérature a démontré l'efficacité de l'utilisation de lubrifiant durant les rapports sexuels, d'exercices de stretching vaginal et d'une pratique régulière d'une activité physique. Une prise en charge psychologique ou sexologique peut s'avérer nécessaire et des traitements alternatifs pourraient être efficaces (phytothérapie, acupressure, acupuncture).
Conclusion
Nous avons démontré que les médecins généralistes du planning abordaient la santé sexuelle plus fréquemment en comparaison avec les données de la littérature. Néanmoins, ce sont les traitements à base d'oestrogène qui étaient essentiellement proposés aux patientes alors que de nombreuses alternatives efficaces existent.
Titre complet: Prise en charge des troubles sexuels chez la femme ménopausée en planning familial
Auteur: Dr Mavrick Dufrasne (ULB)
Promotrice: Dr Hélène Schils
Master de spécialisation en médecine générale
Année académique 2020-2021