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Deux vaccins contre le VRS, Abrysvo ® et Arexvy ® ont reçu le feu vert de l'Agence européenne et de l'Agence américaine des médicaments au printemps et à l'été 2023. Les deux vaccins sont indiqués pour l'immunisation active des personnes de plus de 60 ans. En outre, Abrysvo ® est également indiqué pour l'immunisation passive des nouveau-nés (de 0 à 6 mois), en l'administrant à la mère pendant la grossesse (entre 24 et 36 semaines). Pour les enfants les plus jeunes, les anticorps monoclonaux à longue durée d'action (mAB) constituent également un point crucial dans la lutte contre le VRS. Le Dr Marc Raes, pédiatre et expert en la matière, fait part de ses réflexions au journal du Médecin. Au Jessa Ziekenhuis à Hasselt, le Dr Raes travaille depuis plus de 20 ans sur une base de données cartographiant le pic saisonnier et le fardeau médical du VRS. Avec ses collègues pédiatres, il a également analysé les données de neuf hôpitaux belges sur plusieurs saisons. "Nos chiffres, combinés à ceux de Sciensano, reflétaient très précisément le profil épidémiologique du virus [1], ce qui était important pour déterminer quand nous devions administrer le palivizumab [2], et qui est maintenant aussi utile pour guider la mise en oeuvre des nouveaux outils de prévention", explique le Dr Raes. Le 'fardeau médical' du VRS n'est pas négligeable et est parfois sous-estimé. Notons que 80% des enfants hospitalisés n'appartiennent pas à un groupe à risque. Les problèmes respiratoires, dont les infections à VRS constituent le groupe le plus important, sont le principal motif d'admission des jeunes enfants dans les USI pédiatriques. "Nous parlons d'admissions de trois à cinq jours en moyenne. Elles sont extrêmement stressantes pour l'enfant, mais aussi très éprouvantes psychologiquement pour les parents. Ajoutez à cela leur absence au travail et les frais d'hospitalisation élevés, et vous comprendrez pourquoi le virus pèse aussi lourdement sur l'État", résume le pédiatre. "Il n'existe pas de traitement pour le VRS. En outre, les infections sont liées à l'otite moyenne, augmentent le risque de pneumonie et peuvent provoquer de l'asthme. La charge qui pèse sur le secteur des soins ambulatoires est également considérable lorsque d'autres infections se manifestent. La prévention à grande échelle constitue la solution." Pour les enfants en bas âge, différentes stratégies pourraient bientôt être déployées: la vaccination des mères, qui transmettent leurs anticorps par le cordon ombilical, et la vaccination des personnes de plus de 60 ans, qui pourrait réduire la transmission globale. Le Dr Raes voit également un énorme potentiel pour le nouvel anticorps monoclonal nirsevimab (Beyfortus ®). Le Conseil supérieur de la santé n'a pas encore rendu d'avis à ce sujet, mais Marc Raes parle déjà d'une révolution. "Le nirsevimab reste au-dessus du niveau thérapeutique pendant 150 jours, tandis que le palivizumab actuel n'y demeure qu'un mois. Une injection en début de saison (au lieu de cinq) suffit. Le nouveau mAB est efficace, sûr [3] et facile à administrer", souligne le Dr Raes. "Outre les accords sur l'implémentation pratique, beaucoup dépendra du prix du produit, mais dans le scénario idéal, nous étendrons la prévention du VRS à tous les enfants de moins d'un an. C'est ce que recommandent plusieurs experts et associations pédiatriques internationales." En Espagne, le nirsevimab est inclus dans le calendrier vaccinal fixe de 2023 pour tous les enfants ? 6 mois. Une autre option (complémentaire ou non) est la vaccination des femmes enceintes. Cette forme d'immunisation passive protège aussi efficacement les nouveau-nés contre les infections graves par le VRS. "L'approche est similaire à la vaccination des futures mères contre la grippe, la coqueluche et le covid-19", explique le Dr Raes. "Mais aujourd'hui, quelque 40% des femmes enceintes ne se font pas vacciner contre la grippe. Je ne sais donc pas dans quelle mesure elles seront désireuses de se faire vacciner une quatrième fois, mais peut-être que la motivation pour le VRS sera plus grande, étant donné qu'elles savent qu'il pourrait rendre leur jeune enfant très malade?" Par ailleurs, la question de savoir qui doit avoir Abrysvo®dans son frigo (le médecin généraliste, le gynécologue? ) n'est pas encore tranchée. "Attendons d'abord les recommandations", indique le Dr Raes. Les personnes âgées ne sont pas non plus épargnées par le VRS. "Les médecins généralistes, ainsi que les gériatres et les internistes, doivent être très attentifs au VRS chez les personnes de plus de 60 ans, en particulier en cas de pathologie pulmonaire ou cardiaque sous-jacente", déclare Marc Raes. "Le VRS est de plus en plus considéré comme un agent pathogène important dans cette population, d'autant plus qu'il se présente souvent de façon concomitante à la grippe ou aux pneumocoques. Certains qualifient déjà le vaccin contre le VRS de vaccin antigrippal et antipneumococcique, car il pourrait contribuer à réduire l'incidence et l'agressivité de ces agents pathogènes. Les nouveaux agents préventifs peuvent nous apporter beaucoup. Croisons les doigts pour que les avis soient favorables", conclut le Dr Raes. Références disponibles sur demande