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Il faut dire que tant la définition que les causes du Covid de longue durée restent quelque peu nébuleuses. Ce terme désigne des personnes qui, après une infection Covid-19, ne parviennent pas à revenir à leur état de santé normal durant des mois et continuent à se plaindre en particulier d'une sensation persistante d'épuisement extrême, de troubles de la concentration et de la mémoire et parfois même de difficultés à s'exprimer. La gravité du tableau clinique varie de relativement bénin à suffisamment grave pour entraîner une incapacité de travail. Fait intéressant, cette forme longue de la maladie peut se manifester aussi chez des personnes n'ayant présenté que des symptômes légers au cours de la phase aiguë... et même, comme on l'a appris entre-temps, chez celles qui étaient restées complètement asymptomatiques! D'après des chiffres en provenance de Grande-Bretagne, 7 à 18% des patients ayant souffert d'une infection Covid-19 présentent encore cinq semaines plus tard des plaintes évocatrices d'une forme longue. Deux grandes théories sont mises en avant pour expliquer l'origine du Covid long. La première est celle d'un déraillement de la réponse immunitaire, qui se retourne contre les tissus propres. La seconde évoque plutôt une persistance du virus dans l'organisme avec présence, dans différents organes (intestins, foie, cerveau...), de foyers inflammatoires durables qui débouchent sur la survenue de dommages organiques. La semaine dernière encore, nous évoquions dans cette rubrique une étude révélant que, chez certains patients, le Covid-19 affecte la matière grise cérébrale et plus particulièrement l'hippocampe, qui joue un rôle important dans les fonctions mnésiques. L'idée que le Covid long pourrait être la conséquence d'une persistance du virus dans l'organisme explique pourquoi les chercheurs se sont intéressés à un possible effet bénéfique de la vaccination. Si la réplication virale est bloquée, le risque que le pathogène s'installe durablement dans un organe devrait en effet être plus faible... et les experts pensent aussi que la probabilité que l'immunité déraille est vraisemblablement moindre si elle a déjà préalablement été poussée dans la bonne direction par le vaccin. En tout cas, une considération coule de source: en abaissant le risque de contamination et d'infection symptomatique, le vaccin limite forcément aussi celui du Covid long. Reste à savoir s'il existe aussi un effet protecteur chez les sujets infectés malgré la vaccination. La question n'est pas simple à étudier, notamment parce qu'un certain nombre de personnes contaminées par le Sars-CoV-2 ne développent pas ou guère de symptômes et risquent donc de passer entre les mailles du diagnostic. Il n'y a donc rien d'étonnant à ce que les résultats rapportés jusqu'ici soient passablement divergents. La recherche observe dans le meilleur des cas un risque de Covid long réduit de moitié chez les personnes qui contractent l'infection après vaccination complète en comparaison avec ce que l'on observe chez les sujets non vaccinés. Une étude chez des vétérans américains a ainsi constaté que 11% des participants non vaccinés victimes d'une infection Covid-19 continuaient à présenter des symptômes passé un délai de 28 jours ou plus, contre 5% "seulement" de ceux qui avaient contracté le virus malgré la vaccination. Ce résultat peut sembler décevant, mais certains experts pensent que la protection contre la forme longue de la maladie était initialement plus élevée et a diminué sous l'effet du variant delta. Il est généralement admis que les patients infectés par ce dernier présentent une charge virale expirée anormalement élevée et transmettent donc davantage de particules virales aux sujets vaccinés qui les entourent. Le virus a ainsi plus de chances de s'installer dans un organe et de provoquer un Covid long. Un autre aspect intéressant est évidemment l'impact de la vaccination sur l'état de santé des patients qui souffraient déjà d'une forme longue de Covid-19 au moment où ils ont reçu le vaccin. Au mois d'octobre, l' UK Office for National Statistics faisait état d'une réduction de 13% des plaintes auto rapportées associées au Covid long après administration de la première dose, puis de 9% supplémentaires après la seconde. Le suivi était toutefois limité à deux mois, ce qui ne permet pas de jauger l'effet à plus long terme. Une autre étude britannique a observé une amélioration des plaintes après vaccination chez 40% des participants souffrant de Covid long... et une aggravation chez 14% d'entre eux. Aux États-Unis, des chercheurs s'attachent actuellement à mettre sur pied une étude portant sur plusieurs dizaines de milliers de patients dans l'espoir d'en apprendre davantage sur la forme longue de l'infection, y compris chez les sujets vaccinés.