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Un rapport de l'Inami sur les admissions aux urgences en Belgique entre 2021 et 2023 révèle une croissance annuelle moyenne de 1,7% et une accélération marquée de 8,13% entre 2021 et 2023. En 2023, près de 2,2 millions de patients ont été pris en charge, essentiellement en mode ambulatoire. Guy Delrée, président du FAGW (Forum des associations de médecins généralistes wallons) regrette que le rapport de l'Inami n'aborde pas les causes de cette augmentation, et fait remarquer qu'il s'agit d'une tendance à l'international et pas uniquement belge. Le Dr Delrée identifie plusieurs causes structurelles et sociétales liées à cette situation. Tout d'abord, la pénurie de médecins généralistes et de spécialistes est pointée du doigt comme un facteur déterminant. Cette pénurie, combinée à une mauvaise planification dans la répartition des ressources médicales, conduit à un nombre insuffisant de médecins en général, et de médecins généralistes en particulier. De plus, de nombreux problèmes de santé qui pourraient être traités par les médecins généralistes finissent par être traités en urgence à cause de cette pénurie. Un autre problème évoqué est l'absence d'échelonnement dans le système de soins de santé. De nombreux patients choisissent de se rendre directement chez un spécialiste ou aux urgences, sans passer par un généraliste. Internet et l'accès rapide à l'information jouent un rôle important, car les patients recherchent souvent une réponse immédiate à leurs problèmes. Ce comportement se manifeste également lorsqu'ils essaient de court-circuiter les délais d'attente pour consulter un spécialiste ou pour des examens comme l'imagerie médicale. Le manque d'éducation des patients est également mentionné. Certains patients se rendent aux urgences pour des raisons mineures, alors qu'ils auraient pu consulter un généraliste. Cela surcharge encore plus les services d'urgences, déjà sous pression. Il est souligné que la responsabilité ne revient pas toujours aux généralistes, qui auraient pu absorber ces patients dans leur agenda si ces derniers avaient pris contact au préalable. En outre, certains patients préfèrent les urgences car les factures sont parfois perçues plus tardivement. Bien que des mesures telles que des tickets modérateurs aient été instaurées pour décourager cette pratique, elles n'ont pas eu l'effet escompté. Enfin, les jeunes médecins formés à la médecine d'urgence sont réticents à travailler en périphérie, car ils y traitent souvent des cas mineurs ("bobologie"), ce qui les frustre. Cette situation, combinée à la pénurie générale, affecte la qualité des soins d'urgence. Il est recommandé de revoir la planification des médecins et d'améliorer l'éducation des patients pour éviter l'engorgement inutile des urgences.