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Monsieur, Il y a un an vous étiez directeur général de l'Inami et vous avez brisé un tabou: "... Citez-moi un seul syndicaliste qui est encore en activité, qui siège dans les plus hauts organes de l'Inami et qui n'est pas un homme..." Dans un premier temps, vous le savez, ces propos m'ont profondément choqué. Mais depuis que je participe aux réunions de lieux de décision, je constate cette évidence en ce qui concerne les médecins généralistes honorés au forfait. La Commission nationale médico-mutualiste se réunit le lundi à 19 heures. Le lundi est un jour infernal pour les généralistes. Ils ont rarement fini leurs consultations avant 21 heures. Pour y participer, ils doivent interrompre leurs activités deux heures plus tôt et donc donner leur dernier rendez-vous à 18 heures en raison du retard qui s'accumule résultant des problèmes de santé qui méritent une écoute plus longue. Ceci leur impose de refuser un rendez-vous à une douzaine de patients au moment où ceux-ci en ont le plus besoin. Les jeunes médecins sont souvent de jeunes parents et pour moitié des jeunes femmes. Ils sont les plus pénalisés car, contrairement à leurs aînés, ceux-ci respectent un équilibre entre leur vie privée et leur travail. Ils consacrent souvent ces heures à s'occuper de leurs enfants jusqu'à ce qu'ils s'endorment. S'ils ne sont pas rémunérés au forfait, ils y perdraient jusqu'à 1.000 euros. La virtualisation des réunions a permis aux médecins généralistes en activité et honorés à l'acte d'y participer lorsqu'elles sont organisées pendant la journée. Leur absence ne dépasse pas les deux heures qu'elles durent en moyenne. Une indisponibilité de deux heures ne leur pose qu'un problème limité qui peut même être résolu en faisant l'impasse sur une heure de pause le midi et en prolongeant d'une heure le planning des consultations. Il leur devient possible d'y participer depuis le domicile ou le cabinet sans pénaliser les patients. Ils peuvent même s'en absenter un instant si, par exemple, leur enfant réclame leur attention. Les réunions virtuelles sont souvent égayées de voix d'enfants. Des vocations sont nées chez les médecins généralistes en activité honorés à l'acte. Des personnalités ont émergé. Mais toutes les bonnes choses ont une fin. On commence à retourner au présentiel. Organiser une réunion en présentiel pendant la journée implique une à deux heures passées sur la route. Celles-ci viennent s'ajouter aux deux heures que dure en moyenne une réunion. Elles leur imposent de supprimer jusqu'à 24 consultations. Certaines réunions, parfois les plus importantes, commencent le matin et se terminent fin d'après-midi. La journée est chômée. Jusqu'à 40 consultations sont annulées. De quoi décourager les jeunes médecins généralistes en activité qui ne sont pas rémunérés au forfait. Outre le dommage qu'ils font subir à leurs patients, une réunion présentielle leur occasionne une perte de revenus pouvant atteindre plus de 1.000 euros. L'organisation des réunions le lundi, qui commencent avant 20h30 ou qui se déroulent en présentiel pendant la journée est la principale raison pour laquelle on ne rencontre dans les lieux de décision que des hommes âgés et des médecins plus jeunes rémunérés au forfait. Monsieur Van Damme, si vous souhaitez remédier aujourd'hui à la situation que vous avez judicieusement dénoncée l'an dernier, auriez-vous la gentillesse d'inviter vos anciens collègues à prendre en considération ce que je viens de vous expliquer? D'avance je vous en remercie Cordialement