...

A ccommodante (politique): c'est l'expression la plus couramment utilisée pour définir la politique menée par une banque centrale pour soutenir la conjoncture économique lorsqu'elle est jugée trop faible. Comment? En baissant les taux d'intérêt ou en les maintenant à un niveau très faible. La démarche inverse, soit une hausse des taux, est d'ordinaire qualifiée de politique restrictive. Historiquement, il s'agit des taux à court terme, en particulier du taux de base, aussi appelé taux directeur, auxquels une banque centrale prête aux banques commerciales ayant besoin de liquidités dans l'immédiat. En toute logique, si ce taux directeur est abaissé, les taux pratiqués par ces banques seront à leur tour poussés vers le bas. Le taux à court terme va donc se répercuter sur les taux à long terme, soit les crédits d'investissement notamment. Ceci va favoriser les investissements et donc soutenir l'économie. Ces dernières années pourtant, jugeant les effets de cette démarche insuffisants, les banques centrales ont directement agi sur les taux d'intérêt à long terme en achetant des obligations. Ce sont les mesures non conventionnelles, appelées quantitative easing en anglais, ou encore assouplissement quantitatif en français. Pour la Banque centrale européenne (BCE), il s'agit en particulier des APP décrits ci-après. APP: pour Asset Purchase Programm. Désigne le programme de rachat d'actifs décidé en 2014 par la Banque centrale européenne. À l'instar de ses consoeurs britannique et surtout américaine, la BCE a massivement acheté des obligations pour faire baisser les taux d'intérêt à long terme. Des achats soutenus font en effet grimper les cours, ce qui entraîne automatiquement une baisse du rendement, c'est-à-dire des taux. L'APP comporte en réalité plusieurs programmes portant sur des actifs différents: obligations d'État (programme PSPP), d'entreprises (CSPP), garanties par des actifs (appelées asset-backed securities), etc. La BCE n'a par contre pas mis l'accent sur le financement hypothécaire, contrairement à la Federal Reserve américaine. Elle n'a pas non plus acheté d'actions, contrairement aux banques centrales japonaise et suisse. En 2015, 2016 et 2017, les achats se montaient à 60 ou 80 milliards par mois, un niveau ensuite abaissé à 30, puis 15 milliards. Interrompus en 2019, ces achats ont repris en 2020. Total à fin octobre 2021: 3.091 milliards (dont 90 millions d'obligations de l'État belge), mais pour une valeur alors estimée de 3.250 milliards. Grâce à la baise des taux qui a fait progresser le cours des obligations, la BCE a donc, en théorie, gagné plus de 150 milliards! Budgétaire (politique): les dirigeants des banques centrales y ont souvent fait allusion en réponse aux critiques formulées à l'égard de leur politique monétaire accommodante, dont les effets étaient jugés trop faibles. Leur message était simple: nous ne pouvons pas faire de miracles. Si des taux très bas, voire nuls, ne suffisent pas à relancer l'économie, les États doivent s'y mettre eux aussi en menant une politique budgétaire de soutien. Via des investissements publics par exemple, ou encore en prenant des mesures fiscales favorables. Autrement dit, la politique monétaire des banques centrales doit être soutenue par la politique budgétaire des États. LTRO, pour long term refinancing operations. Lors de la crise de l'euro en 2011, nombre de banques n'arrivaient pas à trouver du financement sur le marché interbancaire, en Espagne et en Italie principalement. La BCE décida de les aider par l'octroi de prêts à faible taux, mais aussi à long terme, soit trois ans. Cette durée très inhabituelle a fait qualifier les LTRO de mesures non conventionnelles. Mesures non conventionnelles: appelée quantitative easing en anglais, l'expression désigne surtout les achats d'actifs réalisés par une banque centrale, pour peser sur les taux d'intérêt à long terme. Dans la mesure où elles sortaient de l'ordinaire du fait de leur durée, les LTRO y furent également assimilées. Monétaire (politique): qualifie la politique menée par une banque centrale, car elle concerne la monnaie du pays. Cette politique "recouvre les décisions prises en vue d'influencer le coût et la disponibilité de la monnaie dans une économie", suivant la définition de la BCE. Le coût de cette monnaie, ce sont les taux d'intérêt, que la banque centrale peut influencer via son taux de base. En ce qui concerne la disponibilité, elle sera en particulier dictée par les exigences de "réserves obligatoires" formulées à l'égard des banques commerciales quand elles accordent un crédit. En abaissant le niveau de ces réserves, une banque centrale va permettre à la banque d'accorder davantage de crédits, ce qui équivaut à une plus grande disponibilité de la monnaie. Ceci soutient dès lors l'économie. PEPP : pour Pandemic Emergency Purchase Programm. Désigne le programme d'achats d'actifs supplémentaire (en plus de l' APP) décidé le 18 mars 2020 par la Banque centrale européenne. Ce "programme d'achats d'urgence face à la pandémie" a donc très rapidement été mis en oeuvre après le krach provoqué par la pandémie de coronavirus. Il portait sur 750 milliards d'euros, mais fut porté à 1.350 milliards dès le 4 juin et à 1.850 milliards le 10 décembre. Alors que les achats effectués dans le cadre de l' APP étaient revenus à 20 milliards par mois à la fin 2019, le PEPP a, lui, porté d'emblée sur plus de 50 milliards par mois, avec une pointe à 120 milliards en juin 2020! Ce montant est revenu à un peu moins de 68 milliards (quand même!) le mois dernier, le total affichant alors 1.480 milliards d'euros. Plus que l'APP, le programme PEPP a comporté d'importants achats d'obligations d'entreprises durant les premiers mois: elles totalisaient plus de 220 milliards en été 2020. De plusieurs centaines d'entreprises, dont Befimmo et Cofinimmo pour la Belgique, mais aussi Elia, Solvay, ou encore Brussels Airport. Sans oublier le géant AB Inbev, représenté dans le portefeuille de la BCE par 19 émissions différentes! Quantitative easing: nom donné en anglais aux mesures non conventionnelles, plus précisément les rachats d'actifs par une banque centrale. Tapering : c'est l'expression consacrée pour désigner la fin, ou du moins le ralentissement, des achats d'actifs réalisés par la Fed, la banque centrale américaine. C'est à la fin août, lors de sa grande réunion annuelle, que Jerome Powell, son président, a confirmé que le tapering se profilait bel et bien pour la fin 2021. Le bruit en avait couru à la mi-août, non sans susciter quelques inquiétudes, étant donné que les investisseurs tablaient précédemment sur 2022. Il vient de le confirmer à nouveau mercredi dernier: les achats baisseront de 15 milliards de dollars par mois, en principe jusqu'en juin 2022. C'était attendu et ce fut bien accueilli: la Bourse américaine a clôturé ce jour-là sur un nouveau record.