...

Bambi, 15 ans, yeux minouches et corps de future reine, pratique le sugar dating avec deux copines, braquant de vieux cochons richards avant qu'ils ne les touchent. Cette Hilda qui n'est pas douce, se révèle très vite une brebis, certes égarée, mais surtout enragée, bien décidée à faire payer pas contente et à l'avance les hommes - son père absent, son "beau" qui, en réduisant une mère indigne à l'état de loque, s'approchait trop près, tel un ogre, de sa jeune personne-, voire une société évidemment et éminemment patriarcale. La meilleure arme de cette gamine à qui il reste des douilles d'enfance et chez qui toute idée de relation amoureuse est déjà flinguée? Sa séduction, et son "maquillage". Son meilleur ami? Son revolver auprès de qui cette Diane chasseresse en armure d'Athéna trouve une mâle assurance, dominatrice.... Notre compatriote Caroline De Mulder signe avec Manger Bambi plus qu'un polar: une mortelle randonnée, de celles où Virginie Despentes ferait équipe avec Tarantino. Autant dans Calcaire, son livre précédent, le côté atmosphérique d'une Murder Ballad à la Nick Cave prenait le dessus, ici il s'agirait plutôt de l'un de ses rocks violents et incandescents genre From Here to Eternity. Avec un texte à message: celui de la vengeance d'une future bombe. Le sexe dit faible y fait très fort, et violente avant de se faire violer, inversant les rôles dans un "jeu" qui n'a rien de drôle. Un roman speedé, une histoire percutante, belle comme une balle, aussi hypercinétique que son héroïne sans jeu de mots, et dont, au départ, il convient de dompter le langage "djeûne", imprégné de l'époque... Bref, une version noire de Bambi où c'est la jeune biche qui fait "pan pan"!