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En effet, intitulé Enfants de la Renaissance (ci dessous), l'événement couvre cette fois la période Habsbourg de la lignée bourguignonne, en présentant les portraits des enfants de Maximilien qui par son mariage avec Marie de Bourgogne mettra la main sur les possessions bourguignonnes et étendra son empire à la moitié du globe, en ravissant notamment le royaume d'Espagne. Ses petits-enfants Éléonore, Charles, Isabelle et Marie passeront leur enfance à Malines, ville flamande fidèle et bien moins turbulente que Gand ou Bruges et choisie par Charles le Téméraire, leur aïeul, pour en faire la capitale de son duché bourguignon à l'époque. Ils grandissent dans à la Cour de Cambrai à 500 mètres à peine du palais qui accueille cette exposition. Au portrait anonyme de leur jeune père, Philippe le Beau, mort prématurément, succède notamment un triptyque reprenant les trois jeunes enfants, Éléonore, Charles et Isabelle par le Maître de la Guilde de Saint-Georges ou le fameux portrait de Marguerite d'Autriche leur mère, morte également jeune, d'un accident de cheval, par Bernard van Orley. Le mariage de Maximilien avec Marie de Bourgogne institue les Habsbourg en tant que première puissance mondiale, les portraits des enfants de Ferdinand de Hongrie par Jakob Seisenegger, et des trois héritiers du royaume du Danemark par Gossart (d'une pâleur à faire peur), insistant une fois encore sur le fait que la montée en puissance de la famille autrichienne se fit d'abord par mariage plutôt que par combats (gravure de Dürer montrant le double mariage entre l'Autriche, la Hongrie et la Bohême). Les toiles représentant la famille de Maximilien (en compagnie notamment de son fils Philippe et de Charles) signées Strigel et son portrait de Charles II d'Orléans, rappellent que leur réalisme sans détour, vient du fait que ces tableaux étaient, comme l'évoque Bart Van Loo dans son livre, destinés à faire le tour des cours européennes dans le but de mariages arrangés, la fleur à la main du candidat symbolisant le fait qu'il ou qu'elle était disponible. Il n'y a pas que des tableaux d'ailleurs dans cette expo bien éclairée et aux oeuvres espacées: des livres enluminés racontent les Joyeuses entrées du jeune Charles à Anvers et Bruges à côté d'un triptyque aux nombreux blasons évoquant son intronisation en tant que souverain espagnol (signé Jan van Battel), tandis qu'un pendentif en or rappelle son appartenance à l'ordre de la Toison d'or créé par son aïeul Philippe le Bon. L'expo s'intéresse également à l'éducation des princes et princesses: le précepteur de Charles ne fut autre que le futur pape Adrien VI portraituré par van Sorel. À côté de l'enseignement des jeunes filles ouvrage enluminé de Geoffroy de la Tour-Landry, trône Le miroir des princes d'Érasme, destiné à l'édification du futur jeune empereur Charles. La lecture est aussi une activité essentielle: l'on en veut pour preuve entre autres une édition du Chevalier délibéré d'Olivier de La Marche, livre préféré du jeune Charles dont l'armure et les jouets - chevaliers de tournoi, mini-bombardes - trônent dans cet espace. Lequel porte également un regard sur la chasse au travers d'une scène de vénerie au château de Groenendael et un portrait " à l'épervier" de Marie de Bourgogne. Enfin, l'exposition se termine sur l'intérêt que portera la jeune Belgique et ses artistes à cette période - laquelle englobait déjà le territoire national, dont les souverains étaient bilingues ; l'intérêt artistique de ces peintres du 19e se portera surtout sur la vie quotidienne des Princes, et notamment de Charles-Quint en particulier, qui passa toute sa jeunesse sur le futur territoire national. Cela résulte en des oeuvres d'un historicisme pompier à la Gérôme, notamment chez Brecht De Vriendt ou dans la toile moins apprêtée, plus lumineuse, saisissante de réalisme et de vie de Jan Van Beers, montrant un Charles enfant caressant la tête de son lévrier. Bref, une belle expo qui ne manque pas de Charles!