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Ernesto travaille à l'institut médico-légal de Guatemala City qui, en 2018, ouvre les charniers, héritage de la dictature des années 80 et 90, période au cours de laquelle l'état de droit et de droite menait une guerre sans merci contre les guérilleros, souvent réfugiés dans les villages et dont les habitants désarmés étaient exterminés par l'armée régulière.Commandité par les Nations unies, cette confrontation réelle et pas fictive de ce pays d'Amérique centrale - qui n'est pas le seul - avec un passé douloureux, tragique, éprouvant et tout simplement épouvantable sert de cadre à la fiction qui voit Ernesto, en parallèle de sa mission professionnelle et son métier, chercher également à retrouver le corps de son père, guérillero qui lui aussi a disparu au cours de ses années sanglantes ; ceci alors que sa mère s'apprête à témoigner contre les ordonnateurs des massacres. Des procès qui ont réellement eu lieu au Guatemala depuis 2011.Mêlant fiction et réalité, acteurs professionnels (la mère et le fils) et vrais témoins des atrocités de l'époque, essentiellement des veuves, le film d'Oscar Diaz est filmé sans apprêt dans un style quasi documentaire et naturaliste qui évoque Los caminos de la memoria voici dix ans, documentaire qui évoquait les charniers de la période franquiste exhumés dans les années 2000 ou des films comme Elefante blanco ou Infancia clandestina qui rappelaient les heures sombres de la dictature argentine dans une Amérique centrale et du sud placée sous la coupe du grand frère nord-américain, lequel craignait notamment, mais pas seulement, que la révolution castriste ne fasse tache d'huile.Film court, sans pathos, mais pas sans émotions, qui plonge le spectateur dans une sidération nimbée d'effroi : devant l'ampleur de la torture, des exactions... de l'ignorance de leur existence jusqu'à ce jour et ce film salutaire.