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Rénové il y a peu, et rouvert en 2020, la maison-appartement de Victor Hugo, située place des Vosges, ancienne place Royale, est le lieu qu'il aura occupé le plus longtemps de 1832 à 1848. Un moment où il est forcé à l'exil pour offense à Napoléon "le Petit" (le père d'Hugo avait servi sous le grand). L'entrée se fait sous les arcades de cette magnifique place aux allures de cité idéale de la renaissance italienne, les escaliers menant au deuxième à un appartement de près de 300 mètres carrés en illustrant l'époque. Une borne interactive conte dans l'entrée la vie du grand écrivain. Si les meubles ont été dispersés lors de l'exil du grand homme et de sa famille, les écrits et témoignages ont cependant permis de reconstituer l'appartement de celui qui fut une gloire nationale de son vivant et, à son retour de fils prodige de la nation, accueilli en triomphe par la Troisième République. On ne compte évidemment plus les bustes et portraits (dont celui touchant de Victor et son fils Charles- et en fin de visite le portrait célèbre de l'écrivain vieux et pensif signé Léon Bonnat) qui peuplent une petite dizaine de pièces réparties en trois périodes: avant, pendant et après l'exil... Dans la première partie, des tableaux assez quelconques illustrant la période d' Hernani, des portraits de famille dont celle du père, le général Hugo, des peintures d'Esméralda et Quasimodo (et même un buste anonyme de ce dernier), voire des dépictions d'oeuvres moins connues comme Les Burgraves (une de ses nombreuses pièces de théâtre, plus nombreuses que ses romans). Pas de trace de l'exil à Bruxelles dans ce "récit" de vie, mais bien à Guernesey dont sont reconstituées deux pièces de la Hauteville House (qui se visite, voir la note ci-dessous). La salle à manger et le salon chinois, que l'écrivain réaménagea complètement avec ces chinoiseries et ces céramiques vieille Hollande qui décorent ledit salon, constituent la partie la plus spectaculaire du lieu. Une période d'exil prolixe au cours de laquelle Hugo écrit notamment Les misérables, L'homme qui rit, Les travailleurs de la mer et La légende des siècles que l'on découvre illustrés par Daniel Vierge, André Chapuy ou Léopold Flameng, flanqués de lettres manuscrites, d'éditions originales ou de lettres à l'éditeur Hetzl, celui des romans de Jules Verne. Dans cette partie, deux magnifiques dessins de phares, notamment celui d'Eddystone, qui révèlent et confirment, si besoin l'était encore, le talent de dessinateur et d'aquarelliste, bref pictural, de l'auteur de Quatre-vingt-treize, son dernier roman. Les pièces suivantes évoquent le retour triomphal en 1870 sur fond de Commune (qui lui inspire le poème L'année terrible), le portrait de Juliette Drouet, sa maîtresse, et de la petite Adèle, fille de l'écrivain. Hugo est quasiment panthéonisé de son vivant: véritable star, il habite désormais près de l'Arc de triomphe (et donc le rond-point de... l'Étoile). D'ailleurs, sa dernière chambre est entièrement reconstituée dans ce qui ne fut pas sa dernière demeure, son décès immortalisé par des peintures qui ont valeur de photographies au 19e. Preuve que Victor Hugo était bien une légende du siècle...