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13% de l'ensemble des décès au sein de l'UE seraient dus à un environnement de vie malsain. Une étude de 2019 estime le coût économique des perturbateurs endocriniens en Europe à 163 milliards d'euros par an. Comment agir? "Il faut disposer d'une législation robuste, cela mettra l'ensemble des acteurs de l'industrie sur un pied d'égalité", estime Genon K. Jensen, directrice excécutive de Health and Environment Alliance (Heal) . "Il faut également peser les coûts, notamment sur la santé, des PE. Ces coûts sont actuellement supportés par les citoyens et la santé publique. Nous devons inverser la tendance, en se basant sur le principe du 'pollueur-payeur', et faire supporter ce coût sur les industries."C'est à l'aune de tels chiffres que l'Union européenne (UE) a présenté son Green Deal fin 2019. Ce pacte vert est un est un ensemble d'initiatives politiques proposées par la Commission européenne dans le but primordial de rendre l'Europe climatiquement neutre en 2050. En son sein, plusieurs mesures concernent directement la santé des Européens: la nouvelle stratégie dans le domaine des produits chimiques, vers un environnement exempt de substances toxiques, par exemple, vise à renforcera la protection de la santé humaine et de l'environnement contre les produits chimiques dangereux. Elle prévoit notamment d'interdire l'utilisation des produits chimiques les plus nocifs dans les produits de consommation et de veiller à ce que tous les produits chimiques soient utilisés de manière plus sûre et plus durable. "Il s'agit de l'initiative politique la plus ambitieuse dans ce domaine depuis les 20 dernières années et d'une occasion unique de repenser l'approche de l'Europe en matière de gestion des produits chimiques", insiste Genon K. Jensen. "Cette stratégie représente une occasion en or de s'attaquer à notre exposition aux perturbateurs endocriniens, à condition qu'elle soit mise en oeuvre rapidement et correctement."Pour rendre à César ce qui est à César, l'Europe a été précurseur dans le domaine de la santé environnementale. "Dès 1999, l'Europe a commencé à s'intéresser à l'impact de l'environnement sur la santé. Concernant les perturbateurs endocriniens, cela fait dix ans que des campagnes existent, en plusieurs langues - dont les trois langues nationales - afin de sensibiliser les citoyens européens à la problématique. " Le souci: la lenteur de la machine législative européenne. La Belgique peut jouer un rôle de précurseur en Europe. C'est d'ailleurs une recommandation du Sénat de 2018: nous devons donner le bon exemple. Un plan d'action national contre les perturbateurs endocriniens est justement sur les rails. Le Naped ( National Action Plan on Endocrine Disruptors) devrait être prêt en mars 2021, confirme Sandrine Jouan, experte toxicologie au SPF Santé publique. "Nous sommes actuellement en phase de consultation avec les diverses autorités compétentes en matière de santé environnementale. Le texte final devrait être soumis aux différents ministres en mars 2021."Trois axes majeurs sont au programme du plan: la prévention (formation, sensibilisation de différents publics cibles, dont les médecins font évidemment partie), la législation (au niveau national et européen), et la recherche scientifique (augmenter le nombre de recherche, développer de nouvelles méthodes de tests pour l'identification des substances chimiques). Les régions sont également de la partie. À Bruxelles par exemple, Alain Maron (Ecolo), ministre régional de l'Environnement et de la Santé, entend nouer un partenariat avec la SSMG et le Dr Jean Pauluis, généraliste spécialiste de la santé environnementale, afin de proposer une formation sur quatre axes, dont les perturbateurs endocriniens font bien entendu partie. "Le plan santé de la Région bruxelloise sera revu en 2022, les perturbateurs endocriniens feront partie des révisions apportées."